"C'est brutal": face au couvre feu, l'incompréhension de la grande couronne

Malgré des taux d'incidence et un nombre de malades bien inférieur à Paris et sa petite couronne, la grande couronne francilienne est elle aussi concernée par le couvre-feu qui démarre ce vendredi à minuit et pour au moins quatre semaines.
En Seine-et-Marne, en Essonne, dans les Yvelines et le Val-d'Oise, les habitants devront être chez eux de 21h à 6h, sauf en cas de motif dérogatoire. Une mesure qui est loin de convaincre dans les communes éloignées de la capitale. A la différence de Paris et de la petite couronne, ces départements avaient jusque-là été épargnés par les restrictions les plus strictes, et ne sont d'ailleurs pas classés en zone d'alerte maximale.
"C'est brutal. On se sentait un peu à l'écart et, d'un coup, on est obligé de s'adapter et de s'y plier. On va essayer de profiter un maximum en journée maitnenant", explique une Versaillaise au micro de BFM Paris.
"On ne peut pas demander aux spectateurs d'arriver à 4h de l'après-midi!"
Du côté des restaurateurs, c'est également la douche froide. Avec l'entrée en vigueur du couvre-feu samedi, c'est toute leur organisation qui est à revoir.
"Nous étions fermés deux jours par semaine, on va rouvrir 7 jours sur 7, détaille un restaurateur de Versailles. Le problème, c'est au niveau du personnel, de leur annoncer tous les deux jours comment on va se réorganiser, réorganiser leur travail, leur vie de famille..."
Même son de cloche dans le monde de la culture. Tout comme à Paris, les salles de cinéma, de théâtre et de spectacles doivent trouver des solutions pour permettre à leur public de rentrer à temps chez eux pour le début du couvre-feu. Une gymnastique compliquée qui risque de conduire à des annulations en série, selon les professionnels du secteur.
"On ne peut pas demander aux spectateurs d'arriver à 4h de l'après-midi en semaine!, déplore Geneviève Dichamp, directrice du théâtre Montansier à Versailles. "On va anticiper des représentations pour commencer à 18h30 ou 19 heures, mais on va malheureusement être obligé d'annuler certains spectacles."
Attirer les clients tant bien que mal
Certaines structures hôtelières de grande couronne, privilégiées jusque là par des Parisiens en quête d'un peu plus de liberté, espèrent continuer à attirer les clients durant les vacances de la Toussaint malgré le couvre-feu. À Provins, commune de Seine-et-Marne de 12.000 habitants, Xavier, directeur d'un hôtel, a quelques idées pour "faire venir les clients":
"On va rester très attractifs au niveau tarifaire, explique-t-il. Les tarifs qu'on va appliquer pendant les vacances de la Toussaint sont bien inférieurs à ceux appliqués l'an dernier."
Le directeur d'hôtel évoque également l'idée de privatiser un spa au-delà de 21 heures, lorsque son restaurant sera fermé.
"Pourquoi pas 22 heures?"
Une réorganisation dont des maires de grande couronne, comme celui de Versailles, aimeraient se passer. Pour éviter que l'économie locale s'écroule avec le couvre-feu, François de Mazières plaide ainsi pour un report de l'heure limite.
"Pourquoi pas 22 heures?, s'interroge-t-il au micro de BFM Paris. Ce qui laisserait la possibiltié d'avoir un service le soir pour les restaurateurs, et un petit peu d'animation culturelle", juge l'édile. Comme ça les gens savent que la situation est difficile, mais on ne les empêche pas de vivre naturellement."
Mais pour le moment, les habitants de la grande couronne francilienne devront bel et bien vivre différemment. Le couvre-feu devrait durer au minimum quatre semaines, et peut-être six en cas d'allongement.