Bizutage: une association de l'université Dauphine est visée par une enquête pénale

Façade du bâtiment principal de l'Université Paris-Dauphine, dans le 16e arrondissement de Paris. - -
Une enquête préliminaire vise l'association Phinedo de l'université Paris-Dauphine soupçonnée d'avoir bizuté des étudiants de première année lors d'un week-end d'intégration en 2022, a déclaré vendredi à l'AFP une source proche du dossier, confirmée par le parquet de Paris.
La grande école parisienne a émis un signalement à la justice le 25 septembre 2023, engendrant l'ouverture d'une enquête confiée au commissariat du 16e arrondissement.
Un weekend organisé l'année dernière
Les dirigeants de l'association Phinedo n'avaient "pas eu connaissance de ces soupçons avant" et "se tiennent à la disposition des autorités dans le cadre d'une éventuelle demande d'informations", ont réagi auprès de l'AFP leurs avocats, Etienne Arnaud et Jean Deconinck.
Phinedo, dont l'activité consiste à communiquer sur la vie associative de Dauphine, "tient à rappeler (...) ses engagements forts pour la lutte contre le bizutage", ont-ils déclaré.
En 2023, une cellule de veille, composée de professeurs, a recueilli la parole d'étudiants sur des faits qui se seraient déroulés lors d'un week-end organisé par Phinedo l'année précédente. Ce week-end, hors des murs de Dauphine, visait à recruter de nouveaux membres chez Phinedo.
Les témoignages, appuyés de "photos, de vidéos ou de mails échangés entre étudiants", révèlent des "faits d'alcoolisation excessive" et des "pratiques inacceptables", a répondu à l'AFP Sébastien Damart, vice-président formation et vie étudiante de l'université.
Des mesures ont été prises. Phinedo "a été dé-domiciliée" de l'université et son week-end d'intégration 2023 "annulé", a précisé M. Damart. Une enquête administrative est "confiée à un organisme extérieur".
La suspension des activités de Phinédo
Par ailleurs, l'université a rassemblé fin septembre les étudiants de première année pour "rappeler le cadre juridique, ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas".
Interrogé sur l'encadrement des associations, M. Damart a expliqué qu'un "service de la vie associative" répertoriait notamment leur "agenda précis". "Mais nous ne sommes pas systématiquement présents" lorsque les événements sont organisés "en dehors" de l'université.
Le 5 octobre, Uni Dauphine a publié un communiqué sur Facebook pour revenir sur la suspension des activités de l'association Phinedo.
"Alors que des faits graves ont été signalés et qu'une enquête administrative va être menée, l'Uni Dauphine souhaite poursuivre et intensifier son engagement pour garantir plus de transparence sur les pratiques associatives dauphinoises", avait-elle écrit.
En 2011, les pratiques d'une autre association de Dauphine, la Japad, avaient fait scandale. Quatre jeunes hommes ont été condamnés, en 2014, à huit mois de prison avec sursis pour le bizutage d'un camarade qui s'était vu infliger une inscription en lettres de sang sur le dos.
Depuis cette affaire, "et les actions de sensibilisation faites par l'université", "on imaginait le problème du bizutage réglé", a relevé M. Damart. Cette nouvelle enquête constitue "un choc pour toute la communauté".