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Paris Île-de-France

Bientôt exproprié à cause du Grand Paris Express, un couple transforme sa maison en musée

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Haïm Adri et Candice Zasteria, deux artistes, vivent sur le tracé de la future ligne 15 du métro. S'ils devront quitter les lieux d'ici au 31 décembre, ils ont d'ici là proposé à une centaine d'artistes de s'approprier le lieu.

Permis de déconstruire, c'est le projet de deux artistes à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Haïm Adri et Candice Zasteria vivent dans une maison qui ne sera bientôt plus la leur. Elle se situe sur le tracé de la future ligne 15 Est du Grand Paris Express et sera bientôt détruite.

Les deux artistes, qui sont installés ici depuis 25 ans, devront quitter les lieux le 31 décembre prochain. D'ici là, ils ont proposé à des collègues de venir décorer les murs leur logement.

"On a décidé de transformer l'intégralité de notre habitation en un lieu d'exposition immersive. On a invité plus de 100 artistes plasticiens à investir les espaces intérieurs et extérieurs de l'ensemble de l'habitation", explique Haïm Adri, au micro de BFM Paris Île-de-France.

"Ça a une âme"

Fresques géantes, sculptures, peintures ou même collages: chaque artiste a exprimé son style dans l'ensemble de la maison de 650 m², dans laquelle les propriétaires continuent de vivre.

"On a des têtes d'affiche, des artistes locaux. La plus jeune artiste a 17 ans et la plus âgée à 80 ans. Pour nous, il était important que chaque artiste ait un espace qui lui soit dédié, sur lequel il s'est emparé avec poésie de la thématique Permis de démolir", raconte Candice Zasteria.

Emy Art's, qui a réalisé une fresque dans le jardin, raconte sa démarche artistique. "On a un côté très coloré qui représente la joie et le bonheur. Et quand on ouvre, c'est la partie un peu plus 'dark', qui évoque la démolition et la perte d'espoir."

Le jardin est aussi décoré par les artistes.
Le jardin est aussi décoré par les artistes. © BFM Paris

L'ensemble de la maison est ouvert aux visiteurs, du salon en passant même par les chambres et la salle de bain. Maguy trouve tout cela "super coloré. Ça a une âme", sourit-elle.

"Pas pouvoir se réinventer en Île-de-France"

"La particularité de cette œuvre, c'est que nous aussi on fait partie de l'exposition, car on vit dans cette maison, raconte le propriétaire des lieux. On fait à manger, on prend notre douche, c'est un espace de vie."

Clin d'œil de l'exposition, une rame a été peinte sur un mur avec la mascotte de la RATP, Serge le lapin. "Un jour, le métro viendra exploser ce mur avec ses grosses mâchoires", rit Haïm Adri.

L'exposition est ouverte jusqu'au 8 juillet. Et après? La procédure d'expropriation avec la Société du Grand Paris est toujours en cours. Le couple doit être indemnisé mais s'inquiète "de ne pas pouvoir se réinventer en Île-de-France".

De son côté, la Société du Grand Paris ne fait "pas de commentaire sur la procédure en cours". Elle assure cependant "avoir accompagné ce projet en mettant à disposition des espaces dont elle était propriétaire, à savoir un local pour stocker son matériel et un mur pour réaliser une fresque".

William Helle et Ariane Limozin