Bagarres, menaces... un pompiste parisien raconte son quotidien, en pleine pénurie de carburant

Ils sont en première ligne. Avec les pénuries de carburant à travers le pays, les pompistes se retrouvent à gérer les stocks, les files d'attente interminables, et l'impatience des automobilistes.
Dans le 17ème arrondissement, Mohamed Ben Charfeddine, gérant de la station Total de l'avenue de Clichy, vit depuis une semaine au rythme frénétique de la pénurie. En plus de devoir gérer les automobilistes, l'homme se retrouve face à des incivilités constantes, entre insultes, menaces et agressions.
Des incivilités en série
Alors que l'avenue de Clichy est assaillie par des automobilistes à la recherche d'essence, Mohamed doit gérer la circulation pour éviter l'engorgement de sa station. "Après le monsieur, on va pouvoir rentrer là-bas", explique le gérant à trois conducteurs visiblement impatients de se servir en gasoil. "Allez-y sur la cinq", ordonne-t-il dans la foulée à un autre automobiliste.
Avec des temps d'attente qui peuvent dépasser les deux heures, certains automobilistes ne respectent pas les règles imposées par le gérant. Devant l'une des pompes, un homme en scooter remplit illégalement un bidon d'essence, avant de se faire reprendre par certains clients et par le pompiste. "Vous me prenez pour un con, vous voulez qu'on arrête les distributions?", s'agace Mohamed.
"On est harcelé, on est menacé"
En l'espace d'une semaine, la station-service a été le théâtre de plusieurs bagarres entre automobilistes. "Les policiers sont venus deux fois parce qu'on les a appelés pour des bagarres", confie le gérant. Des problèmes récurrents qui l'ont poussé une fois, à arrêter la distribution.
"Ça peut dégénérer très rapidement. On est harcelé, on est menacé", explique Mohamed Ben Charfeddine, gérant de la station Total de l'avenue de Clichy, au micro de BFM Paris Ile-de-France.
Alors, pour faire face à l'afflux permanent, Mohamed a fait appel à un agent de sécurité lundi dernier. Mais même avec un renfort, la situation reste très difficilement contrôlable. "Malgré le fait de leur dire que la station n'ouvre pas avant huit heures, j'ai été obligé d'ouvrir avant l'arrivée du vigile, sinon il n'y aura plus de circulation sur la route", confie Mohamed.