Cyclone à Mayotte, Chikungunya à La Réunion... Macron entame une tournée dans l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron serre la main d'un collaborateur à son arrivée à Dzaoudzi à Mayotte, le 19 décembre 2024. - Ludovic MARIN / POOL / AFP
La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie, joue les équilibristes dans l'océan Indien, où Emmanuel Macron entame ce lundi 21 avril une tournée de cinq jours.
Le chef de l'Etat, fidèle à sa stratégie "indopacifique", va réaffirmer les ambitions françaises de puissance régionale tout comme une volonté de coopération renforcée avec les États du sud-ouest de l'océan Indien.
La "refondation" de Mayotte au menu
Mais la première étape de ce déplacement sera sur l'archipel de Mayotte. Quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, le chef de l'État, attendu à 8H30 (7H30 heure de Paris) à Mamoudzou, chef-lieu du département, ira d'abord à la rencontre de la population, puis des représentants de la filière agricole avant de s'entretenir avec les élus mahorais sur le projet de loi de programmation très attendu de "refondation" de l'archipel.
Il prononcera ensuite un discours à 17H00 (16H00 heure de Paris) puis présidera à 19H30 (18H30 heure de Paris) un conseil des ministres en visioconférence depuis l'avion qui le mènera de Mayotte au département voisin de La Réunion.
A La Réunion, outre des rencontres avec des exploitants agricoles ou des représentants des collectivités territoriales, Emmanuel Macron va aborder la question du Chikungunya. Alors que l'île fait face à une épidémie particulièrement importante, une mission de lutte antivectorielle doit être présentée pour prévenir la propagation du virus.
Jeudi, le président de la République participera à Antananarivo, la capitale malgache, au cinquième sommet de la Commission de l'océan Indien (COI), qui réunit cinq Etats insulaires (Madagascar, Maurice, Comores, Seychelles, France au titre de La Réunion).
Grâce à ses multiples îles et îlots à travers les océans, la France possède certes le deuxième espace maritime du monde (10 millions de kilomètres carrés), dont 27% dans cette partie du globe.
Grâce aux îles Eparses (Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa, et Bassas da India), des "confettis" quasi inhabités - sans compter Mayotte au nord - elle contrôle plus de la moitié de la surface du canal du Mozambique, redevenu un carrefour stratégique du transport maritime international.
Elle dispose aussi de moyens militaires, dont une base navale à La Réunion, et économiques conséquents par rapport aux pays riverains.
"Un enjeu d'identité nationale"
Mais Madagascar revendique la souveraineté sur les Eparses tout comme les Comores sur Mayotte, qui s'en est détaché lors de leur indépendance en 1975 pour rester française. L'île Maurice réclame de son côté Tromelin au nord de La Réunion.
"La France est dans une situation un peu plus contrainte qu'il n'y paraît", explique Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l'université Paris-Nanterre. "Ces demandes de rétrocession, c'est un enjeu d'identité nationale, un enjeu d'accès aux ressources et puis c'est un moyen de pression pour obtenir autre chose" de Paris, en matière d'immigration ou de sécurité.
Le canal du Mozambique renferme d'importantes réserves en hydrocarbures - au point qu'on le qualifie parfois de "nouvelle mer du Nord" - et halieutiques.
Le rôle de la France y est désormais disputé par la Chine, qui investit massivement dans la zone, notamment à travers le développement de ports, et dispose d'une importante flotte de pêche. Etats-Unis, Russie et Inde y renforcent aussi leur présence. Russes et Chinois y ont également mené des exercices militaires avec l'Afrique du sud.