Inquiets face au retour du gel, les arboriculteurs s'organisent

L'hiver prépare une nouvelle offensive. Alors que la France a connu des températures quasi-estivales la semaine dernière - le mercure a pu monter jusqu'à 28 degrés localement - le froid s'abat de nouveau sur le pays. Ce mardi, plusieurs records de froid ont été battus, notamment à Beauvais, où Météo-France a relevé jusqu'à -6,9°C.
Mort ou nécrose
Une situation extrêmement compliquée pour les arboriculteurs. Si les hautes températures ont permis la floraison de nombreux arbres ces derniers jours, cette nouvelle vague de froid pourrait bien mettre en péril les récoltes fruitières de cette année. En effet, les fleurs encore jeunes ont bien du mal à résister aux températures négatives et une simple nuit de gel peut avoir des conséquences désastreuses.
"Il n’y a qu’une floraison par année sur les pommiers, si le gel endommage la production de l’année nous n’aurons que ça à récolter en septembre", explique sur BFMTV Christelle Labre, exploitante d'un verger dans le Nord du pays.
Et le froid a des conséquences multiples. S'il ne fait pas mourir la plante, il peut toutefois fortement l'endommager, souligne Philippe Bada, un autre exploitant.
"S'il y’a un coup de gel, soit la culture peut mourir, soit des nécroses peuvent apparaître sur les feuilles", détaille-t-il.
Plusieurs techniques
Alors pour lutter contre les tumultes du climat, les cultivateurs doivent redoubler d'ingéniosité. Si Philippe Bada opte pour un voile "qui va maintenir la température au-dessus de 0 le plus possible et éviter que le gel vienne toucher les feuilles", Christelle Labre opte quant à elle pour la pose de ballots de paille qui seront ensuite enflammés.
"On met en place des ballots qu’on asperge d’eau pour qu’ils puissent faire une fumée blanche qui fait écran contre le gel", détaille-t-elle.
Dans la Loire, Mickael Mazenod utilise de son côté une machine qui souffle de l'air chaud, malgré les nombreuses limites de cet outil.
"L’idéal c’est d’avoir une parcelle plane comme ça on brasse de l’air plus facilement. Chez nous, c’est compliqué mais avec ces outils on protège nos vergers. Ça coûte assez chez, ça consomme du gaz et on sait pas à quel point ça va nous protéger", souligne-t-il auprès de BFMTV.
Puis, il existe une dernière solution, appelée aspersion, qui est utilisée depuis des siècles.
"Il s'agit de pulvériser de l'eau en fines gouttelettes sur les branches fleuries pour pouvoir mettre en glace cette petite chose. La glace reste à 0 degré et si on descend en dessous, on aura toujours gagné ça. Mais le fait d'être en fleur est une fragilisation pour les plantes. Moi je ne le ferai pas mais ça s'est fait avec le temps", conclut le spécialiste jardinage de BFMTV-RMC, Patrick Mioulane.