Inondations dans le Sud-Ouest: "Nous sommes les oubliés"

A Barèges, le Bastan est sorti de son lit et a tout emporté sur son passage. - -
L'arrêté ministériel de catastrophe naturelle n'a toujours pas été signé. Il le sera "cette semaine", a annoncé Jean-Marc Ayrault ce lundi matin, à l'issue d'une réunion interministérielle. "L'Etat est et sera en première ligne" a assuré le Premier ministre, indiquant que des fonds seront débloqués "tout de suite pour que les travaux soient engagés immédiatement" pour réparer les biens publics, comme les "accès routiers", mis à mal par les inondations qui ont ravagé le Sud-Ouest la semaine dernière, occasionnant trois décès et des millions d'euros de dégâts.
Sur place, sinistrés et bénévoles s'affairent au nettoyage. Et nombreux sont ceux qui tentent de se faire entendre: non, les crues n'ont pas touché que Lourdes et Saint-Béat, les deux communes mises en avant par les médias et qui ont reçu la visite de François Hollande jeudi. Tous espèrent ne pas être oubliés par les services de l'Etat ni les assurances. BFMTV.com fait le tour des zones sinistrées.
> En Haute-Garonne: on se débrouille seul
Dans le département, c'est Saint-Béat, particulièrement touchée, qui a retenu l'attention de médias et des autorités. Sur place, la Garonne a causé d'importants dégâts et a nécessité l'évacuation totale du village. C'est dans cette commune que François Hollande a fait une halte lors de sa visite jeudi.
Mais le reste du département n'a pas été épargné. A Ausson, par exemple, "nous avons le sentiment d'avoir été laissés à l'abandon", témoigne un habitant dans La Dépêche du Midi. "Ici, pas de cellule de crise", explique-t-il, choqué d'avoir vu des habitants organiser seuls l'évacuation d'une dame âgée.
Plus haut dans la montagne, à Ôo, on a vu la Neste prendre ses aises, passer les murets et emporter avec elle des débris, les poissons de pisciculture, une passerelle... "Elle a carrément tout dévasté", relate un sinistré dans La Dépêche du Midi. L'urgence sur place? Rétablir l'accès aux chemins de randonnée pour accueillir à nouveau les touristes.
Zone particulièrement touchée, à Luchon, Bagnères-de-Luchon, on s'inquiète pour la saison touristique qui commence. De nombreux accès sont coupés et pourraient l'être encore pendant de longues semaines. "La boue commence un peu à disparaître, mais les dégâts sont énormes", commente La Dépêche du Midi.
> Dans les Hautes-Pyrénées: routes coupées, villages isolés
Dans le département, les regards se sont tournés vers Lourdes où les sanctuaires ont été noyés sous les eaux. Mais en altitude, les dégâts sont considérables.
Dans la vallée du Bastan, autour de Luz-Saint-Sauveur, les sinistrés risquent d'être coupés du monde plusieurs semaines, indique Sud Ouest. "On a tous une voiture mais plus de route", s'inquiètent les habitants de Viella et Sers. De fait, le gave a détruit ponts et chaussées et les sinistrés n'ont plus que le vélo, le cheval ou les quads pour se déplacer sur "des voies dans les bois".
"Cela durera sans doute des mois", indique à France 3 Midi-Pyrénées le directeur de cabinet du Préfet. "Il faudra vraisemblablement modifier le tracé de la route effondrée, qui est menacée par de nouveaux glissements de terrain."
Philosophes, les habitants expliquent à Sud Ouest être habitués et préparés à cet isolement. "Il me reste 14 jambons sous le coude, on a le temps de voir venir avant qu’ils ne passent tous en sandwichs", plaisante l'un d'entre eux.
Plus haut encore, à Barèges, 60% des réseaux d'eau, d'électricité et d'égoûts sont hors d'usage. La solidarité joue entre les sinistrés et leurs familles venues de la vallée. "On est vivants", se console un habitant interrogé par La Dépêche du Midi qui vient de perdre la maison qu'il venait de terminer.
Du côté de Cauterets, "des failles provoquées par les effondrements ont coupé la route d'accès sur 700 mètres". Les réparations prendront plusieurs semaines, explique le directeur de cabinet du Préfet.
> Dans les Pyrénées-Atlantiques: solidarité dans l'est-Béarn
En Béarn, on nettoie la boue qui s'est accumulée dans les cours, les caves et les habitations à Nay et à Mirepeix, indique La République des Pyrénées. Des bénévoles ont afflué pour prêter main forte aux sinistrés. "C'était apocalyptique. Je n'ai plus rien, plus d'habits, plus de drapes, plus rien", raconte une sinistrée.
La plus grosse crainte concernait l'eau potable. Des canalisations ont été arrachées sur le cours du gave et les habitants de plusieurs communes ont dû être approvisionnés par des citernes enterrées rechargées par des camions, explique Sud Ouest.
> Dans les Landes: "Pire que la tempête Klaus"
Dans les Landes, bien en aval des cours d'eau, ce sont surtout des routes qui ont été coupées jeudi et vendredi.
Mais les agriculteurs craignent pour leurs récoltes de maïs et de kiwis, les champs et vergers ayant été inondés après un printemps particulièrement frais, humide et peu ensoleillé. "C'est la pire année que j'ai pu voir", indique l'un d'entre eux à France 3 Aquitaine. Les pertes seront "pires que pour la tempête Klaus", prédit un autre. En janvier 2009, la tempête avait fait d'importants dégâts notamment chez les sylviculteurs.