Ile-de-France: pourquoi une crue centennale serait bien plus grave qu'en 1910

Une crue centennale étant inéluctable, Paris et sa banlieue se préparent à y faire face au cours d'une simulation grandeur nature qui se tiendra en sept sites, à partir de ce lundi et jusqu'au 18 mars. L'opération EU Sequana 2016 de la préfecture de police met de nombreux acteurs, publics comme privés, à contribution. Elle souligne, par son ampleur, le péril que fait courir la furie de la Seine sur la capitale et sa banlieue.
En 1910, les inondations avaient fait un mort. Mais la ville avait mis des mois à s'en remettre.
Quelque 2,5 millions de personnes concernées
Aujourd'hui, ce ne serait plus une ville, mais une zone bien plus vaste qui serait touchée par une nouvelle "crue du siècle". Développement économique et urbain oblige, les conséquences promettent d'être bien plus graves pour la région Ile-de-France.
Au total, "435.000 logements seraient exposés à une telle crue, soit 830.000 personnes", relève l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU), qui a réalisé plusieurs études sur les conséquences d'une nouvelle crue centennale. Plus largement, "un tel événement aurait un impact considérable sur la vie sociale et économique, affectant, à des degrés divers, plus de 2,5 millions de personnes".
Les logements concernés (8% des logements d'Ile-de-France) se situent essentiellement dans les lits majeurs de la Seine (81 %) et de la Marne (15 %). Le Val-de-Marne est le territoire le plus menacé, avec plus de 123.000 logements en zone inondable, suivi de Paris (107.700) et des Hauts-de-Seine (94.450).
>> Consultez la carte de l'IAU pour voir si vous serez directement touché
Dans les 92 et 94, 48% de logements en zone inondable
En nombre d'habitants comme en proportion de leur population, le Val-de-Marne (251.900 habitants, 19,3 % de la population) et les Hauts-de-Seine (200.700 habitants, 13,1 %) apparaissent comme les départements qui seraient les plus touchés. Près de la moitié des logements en zone inondable (48%, 205.000) sont exposés à des niveaux d'aléas forts (hauteur de submersion entre 1 m et 2 m) à très forts (hauteur de submersion supérieure à 2 m).

Là encore, le Val-de-Marne est considéré comme le territoire le plus sensible, avec près de 80% des logements localisés dans ces zones d'aléas (95.700 logements), devant l'Essonne (50,7% de logements exposés à ces niveaux d'aléas, 18.300 logements concernés).
Environ 40 milliards d'euros de dégâts économiques
En termes économiques, une telle crue coûterait entre 17 et 20 milliards d'euros pour les dommages directs, pour moitié imputés à l'habitat, et plus du double en tenant compte de la dégradation des réseaux et des pertes d'exploitation des entreprises. L'IAU estime qu'elle impacterait quelque 100.000 établissements (grandes entreprises, PME, PMI, commerces...) et 750.000 emplois.
Face à une crue majeure, "les activités économiques sont très vulnérables", insiste l'Institut: endommagement ou paralysie de l'outil de production, inaccessibilité de l'entreprise, interruption d'approvisionnement..." Les dépendances multiples (énergie, systèmes de communication, transports, logistique...) constituent des facteurs de fragilité supplémentaires". Quelque 85% des établissements exposés sont des petites entreprises (moins de 10 salariés), qui cumulent environ 100.000 emplois. Les établissements de plus de 100 salariés (1,7% des établissements exposés) représentent 54,4% des effectifs.
Près de 160 établissements de plus de 500 salariés, totalisant 180.000 emplois, sont aussi concernés. Parmi les plus grandes entreprises susceptibles de subir des aléas "forts à très forts", se trouvent le siège de la RATP, des dépôts SNCF, l'hôpital Georges-Pompidou, le ministère des Finances, la Caisse des dépôts et consignations... mais aussi de grandes entreprises privées.