Corse: qu'est-ce qu'un arcus, ce nuage inquiétant qui a précédé les violents orages?

Un gigantesque nuage noir a considérablement assombri le ciel de la Corse jeudi matin, peu avant que les violents orages ne s'abattent sur l'île. Ce nuage, à l'allure apocalyptique et à la forme arquée, est baptisé "arcus" par les météorologues.
À l'image, il s'agit d'un impressionnant nuage noir qui semble prêt à déferler sur un territoire, et signifie l'arrivée d'importantes intempéries. Pour les scientifiques, un "arcus" est "un système convectif de méso-échelle", c'est-à-dire un ensemble d'orages répartis en forme de ligne ou d'arc, d'où son nom. Cette ligne orageuse, aux airs sombres et menaçants, forme des entités qui peuvent occuper de plusieurs dizaines à quelques centaines de kilomètres de longueur.
Météo France décrit l'"arcus" comme un "rouleau horizontal dense aux bords plus ou moins effilochés, situé à l’avant de la partie inférieure de certains nuages. Il prend, lorsqu'il est étendu, l’aspect d’un arc sombre et menaçant".
"Ça n'est pas inédit mais cela faisait longtemps qu'il n'y en avait pas eu un aussi clair sur le territoire", explique à BFMTV.com Loïc Spadafora, expert et consultant en météorologie.
"L'instabilité atmosphérique, le carburant des orages"
Cette lignée orageuse se forme "par un contraste de températures, un conflit de masses d'air", selon l'expert en météorologie. L'arcus s'observe "dès qu'il y a de l'instabilité atmosphérique donc dès qu'il y a des cumulus ou des cumulonimbus", rappelle également Météo-France, qui précise que "c’est le Sud-Est de la France qui est le plus exposé aux cumulonimbus".
"Le fait que la mer Méditerranée soit extrêmement chaude en ce moment génère beaucoup d'instabilité atmosphérique" dans la région, selon Loïc Spadafora. Le consultant rappelle que "c'est précisément cela qui génère les orages. C'est cette instabilité qui est le carburant des orages: plus elle est importante, plus ceux-là sont puissants et violents".
Lorsque se forme un "arcus", les spécialistent disent aussi que le système orageux a adopté un comportement en "bow écho". En somme, "les précipitations intenses entraînent un air froid vers le bas, et cet air dense va se répartir en arrivant au sol dans toutes les directions mais avec une vitesse supérieure dans le sens de déplacement du nuage convectif".
Ainsi, "l'air froid va rester dans les basses couches et l'air chaud va venir alimenter le nuage par l'avant, de sorte à surmonter l'air froid. En se refroidissant, l'air chaud va en partie se condenser et engendrer l''arcus'".

Ce phénomène, rappelle Loïc Spadafora, peut s'étendre de quelques dizaines à plusieurs centaines de kilomètres de largeur, comme cela a été le cas en Corse. "Mais en plus, la lignée orageuse qui se trouve à l'avant de la précipitation peut se déplacer elle-même sur plusieurs centaines de kilomètres et balayer de très larges zones".
"Quand on voit l'"arcus" arriver sur les images radar, on sait qu'on ne pourra pas passer au travers. Sa prévisibilité est parfaite", poursuit encore le spécialiste.
Loïc Spadafora explique que l'"arcus" est accompagné de ligne de grains, c'est-à-dire de plusieurs grains (foyers) orageux qui se sont formés le long de la principale structure arquée. Chacun d'entre eux correspond à un orage localisé et particulièrement violent. Localement, cela peut causer des dommages importants (de la grêle, de fortes rafales de vent) et occasionnellement être accompagné de tornades. Ces grains sont en quelque sorte les orages les plus violents qu'il puisse exister".