BFMTV
Météo

Comment expliquer la localisation et la violence des orages qui ont touché la France

(photo d'illustration)

(photo d'illustration) - ALAIN JOCARD © 2019 AFP

De nombreux départements ont été frappés par des phénomènes dévastateurs qui ont endommagé parcelles agricoles et bâtiments.

Des dégâts considérables. Dans la nuit de lundi à mardi, de violents orages accompagnés de grêlons de plusieurs centimètres et de rafales dépassant 100 km/h ont balayé les départements du Sud-Ouest en faisant des dommages matériels importants, sur des habitations et dans les vignobles notamment, forçant les pompiers à plus de 2000 interventions.

Puis, quelques heures plus tard, des scènes similaires se sont répétées plus à l'Est, en Saône-et-Loire puis dans l'Allier, où "un orage d'une violence inouïe, avec des grêlons d'une taille qu'on n'avait jamais vue de mémoire d'habitants" s'est déclenché, rapporte Fabien Genet, sénateur de Saône-et-Loire et élu chargé de la sécurité de la ville de Digoin, dans le secteur du Charolais.

Des phénomènes extrêmement localisés et puissants, qui ont fracassé les toitures d'habitations et de bâtiments publics, haché les arbres et brisé les pare-brise de nombreuses voitures dans certaines communes, alors que d'autres, situées à quelques kilomètres seulement, ont été préservées. Pour l'heure, 11 départements sont toujours placés en vigilance orange pour des orages par Météo-France.

Des orages par définition localisés

Afin d'expliquer les raisons de cette localisation des dégâts, il convient premièrement de comprendre comment fonctionnent les orages. Selon Météo-France, ceux-ci se forment lorsque l'atmosphère est instable, avec de l'air chaud près du sol et froid en altitude. "Pour qu'un orage éclate, il faut qu'un puissant courant ascendant donne naissance à un cumulonimbus", apprend-on sur le site de l'institut.

Contacté par BFMTV.com, François-Marie Bréon, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, assure que les orages ont "par définition un effet local" qui peut s'étendre de "quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres", en fonction de l'importance de la poche d'air chaud.

"Il s'agit d'un processus physique dû à une cellule convective composée d'air chaud, plus léger, qui va monter et provoquer les orages", explique-t-il, ajoutant que la superficie et donc la localisation de l'orage va dépendre de la taille de cette cellule. Selon lui, le phénomène est comparable à celui des tornades aux États-Unis qui "peuvent détruire le côté d'une rue, mais pas l'autre."

Le réchauffement climatique en cause?

Comme l'avait indiqué le GIEC dans ses différents rapports successifs des dernières années, le réchauffement climatique global sera à l'origine d'innombrables dérèglements climatiques. Contacté par BFMTV.com, Météo-France insiste sur le fait qu'il est extrêmement difficile d'affirmer une corrélation entre réchauffement climatique et la puissance des ultimes orages.

"La formation d’orages est régie par des phénomènes complexes faisant intervenir des processus qui peuvent être, selon les cas, facilités ou inhibés dans un climat plus chaud. Mais il existe encore peu d’observations fiables et de long terme sur lesquelles baser des analyses de tendance passée", nous indique-t-on. Pour l'heure, le lien est "moins établi que pour les canicules ou les pluies, même si des premiers éléments tendent à montrer une intensification des orages et des épisodes de grêle", explique-t-on auprès de l'Institut.

Si des recherches sont toujours en cours, Météo-France appelle à la patience. "L’analyse de l’effet du changement climatique sur les caractéristiques des orages requiert en effet encore des recherches de long terme, s’appuyant notamment sur le développement de modèles numériques capables de représenter les phénomènes physiques en jeu", nous indique-t-on encore.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV