Avertissement de plus de 15.000 scientifiques face à la dégradation de la planète

Nuage de pollution en Inde à New Delhi le 13 novembre 2017. - DOMINIQUE FAGET / AFP
Vingt-cinq ans après une première mise en garde d'une majorité de lauréats du prix Nobel, plus de 15.000 scientifiques de 184 pays lancent, dans une déclaration publiée ce lundi, un avertissement face aux risques de déstabilisation de la planète faute d'actions pour préserver l'environnement et les écosystèmes.
Le deuxième avertissement des scientifiques à l'humanité
En 1992, l'ONG "Union of Concerned Scientists" et plus de 1 700 co-signataires avaient émis "l'avertissement des scientifiques du monde à l'humanité". Ils y argumentaient que l'impact des activités de l'homme sur la nature allait probablement aboutir "à de grandes souffrances humaines" et à "mutiler la planète de manière irrémédiable".
Un quart de siècle plus tard, ces scientifiques revisitent la mise en garde initiale dans une tribune qu'ils qualifient de "deuxième avertissement".
Des voyants dans le rouge et des réponses décevantes
Disponibilité de l'eau potable, déforestation, baisse du nombre de mammifères, émissions de gaz à effet de serre: tous ces voyants sont dans le rouge et les réponses depuis 1992 sont décevantes, à l'exception des mesures internationales prises pour stabiliser la couche d'ozone dans la stratosphère, concluent ces scientifiques dont l'appel paraît dans la revue BioScience.
"Dans ce document, nous avons examiné l'évolution de la situation des deux dernières décennies et évalué les réponses humaines en analysant les données officielles existantes. Bientôt, il sera trop tard pour inverser cette tendances dangereuse", explique Thomas Newsom, professeur à l'Université Deakin en Australie, co-auteur de la déclaration.
Ces scientifiques estiment que la vaste majorité des menaces précédemment identifiées subsistent et que "la plupart s'aggravent", mais qu'il est encore possible d'inverser ces tendances pour permettre aux écosystèmes de retrouver leur durabilité.
Depuis 25 ans, la quantité d'eau potable disponible dans le monde par personne a diminué de 26% et le nombre des zones mortes dans les océans a augmenté de 75%.
L'appel cite également la perte de près de 120,4 millions d'hectares de forêts converties pour la plus grande partie en terres agricoles et un net accroissement des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et des températures moyennes du globe.
Création de plus de réserves naturelles terrestres et marines
Ces scientifiques pointent aussi l'augmentation de 35% de la population mondiale et une réduction de 29% du nombre de mammifères, de reptiles, d'amphibiens, d'oiseaux et de poissons.
Parmi les mesures recommandées, les auteurs de l'appel suggèrent la création d'un plus grand nombre de réserves naturelles terrestres et marines et un renforcement des lois contre le braconnage et des restrictions plus sévères du commerce des produits de la vie sauvage.
Ces scientifiques plaident aussi pour des mesures encourageant un régime alimentaire plus à base de plantes et l'adoption à grande échelle des énergies renouvelables et d'autres technologies vertes.