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Isère

"On favorise la biodiversité pour la tuer par plaisir": la restauration de l'habitat des tétras-lyres par des chasseurs fait polémique en Isère

Le tétras-lyre (image d'illustration)

Le tétras-lyre (image d'illustration) - BFM DICI

Dans le nord du Vercors, des travaux d'aménagement du paysage ont lieu. Le but, permettre aux populations de tétras lyre de repeupler les hauteurs de Lans-en-Vercors. Mais lancée par la fédération départementale des chasseurs de l'Isère, l'initiative fait polémique chez les naturalistes.

Sur les hauteurs de Lans-en-Vercors, un domaine skiable situé en Isère, un robot débroussailleur et une pelle-araignée, commandés par deux paysagistes, s'attaquent à la végétation. Le but : créer un milieu mêlant prairies, forêts et landes et permettre au tétras-lyre, un coq sauvage, vivant entre 1.400 et 2.300 mètres d'altitude, de repeupler la zone, rapportent nos confrères de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

"La végétation trop dense empêche les tétras-lyres de prendre leur envol, de se poser et de se déplacer comme ils veulent", explique à France 3 Barthélémy Vaudet, un des paysagistes aux commandes de l'opération. Et d'ajouter, "on rouvre la zone pour leur permettre d’avoir l’espace qu’a envahi la végétation".

Dans la région, la population de tétras-lyres est stable. La fédération départementale des chasseurs de l'Isère a compté entre 75 et 100 couples dans la zone. Un chiffre insuffisant selon les chasseurs, car leurs prises s'en trouvent de fait limitées.

Ce développement sert à chasser les oiseaux

Pour la fédération, la solution tient dans la restructuration du paysage. Effectivement, le coq est "une espèce sédentaire et exigeante", nous apprend le rapport de 2016. Son habitat, à la fois ouvert et boisé doit lui offrir nourriture et refuge. Financés par la région Auvergne-Rhône-Alpes, les travaux sont entamés. Huit chantiers ont été réalisés en Isère et celui de Lans-en-Vercors est financé à hauteur de 700.000 euros par la région.

Auprès de France 3, Philippe Dubois, co-président de l’association France Nature Environnement en Isère, dénonce quant à lui l'opération. "On favorise la biodiversité pour la tuer par plaisir". Selon le naturaliste, l'action a beau "être vertueuse car elle favorise le développement du tétras-lyre, là où ça ne va pas, c'est que ce développement sert finalement à chasser des oiseaux."

L'initiative a été lancée en 2017, à la suite d'un rapport, publié, en 2016, par la fédération et réalisé en partenariat avec le conseil général de l'Isère et le Parc naturel régional du Vercors. Son président de l'époque, Jean-Louis Dufresnes affirmait alors la nécessité de "conserver ce joyau" et appelait à la préservation du tétras-lyre.

Amélie Com