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Venezuela: manifestations pro-Ortega, 75e mort en trois mois

Manifestation à Caracas (Venezuela), le 22 juin 2017

Manifestation à Caracas (Venezuela), le 22 juin 2017 - JUAN BARRETO , AFP

Une homme a été tué par balles jeudi à Caracas lors d'une manifestation de l'opposition au président Nicolas Maduro. Il s'agit du 75 ème décès en trois mois de manifestations. L'opposition accuse les forces de sécurité du meurtre.

Un homme de 22 ans a été tué par balles jeudi à Caracas, lors des manifestations de soutien de l'opposition à la procureure Luisa Ortega, chaviste entrée en dissidence, faisant grimper à 75 le nombre de morts au Venezuela depuis début avril.

David Vallenilla a été mortellement blessé dans le quartier d'Altamira, dans l'est de la capitale vénézuélienne, après avoir été atteint par trois balles au thorax, a précisé le ministère public.

Selon Jose Manuel Olivares, médecin et député de l'opposition, le tir serait venu d'un membre de la Garde Nationale. Le ministre de l'Intérieur, Nestor Reverol, a lui accusé sur Twitter un sergent de la police de l'air, précisant qu'il sera poursuivi devant la justice.

Lors d'une conférence de presse devant des médias étrangers jeudi, le président vénézuélien Nicolas Maduro a pourtant répété que l'usage d'armes à feu était "interdit" par les forces de l'ordre contre les manifestants.

Mardi, au lendemain de la mort d'un adolescent de 17 ans tué par balles par des membres de la Garde Nationale, Nicolas Maduro avait limogé le commandant de cette force anti-émeutes.

Luisa Ortega, la procureure générale, le 8 juin 2017 à Caracas
Luisa Ortega, la procureure générale, le 8 juin 2017 à Caracas © LUIS ROBAYO, AFP/Archives

"Paralysons le pays"

Après ce nouveau décès jeudi, l'opposition a promis d'accentuer encore la pression en place en appelant à bloquer toutes les rues et avenues vendredi, pour "paralyser le pays".

"Que pas une seule rue, pas une seule avenue, pas une seule autoroute ne reste sans barrière. Paralysons le pays!", a lancé lors d'une conférence de presse jeudi le député Jose Manuel Olivares, en appelant à bloquer la circulation dans tout le pays pendant deux heures, de 12h00 à 14h00 locales.

Les manifestations de jeudi à travers le Venezuela avaient pour but de soutenir Luisa Ortega, la procureure générale, menacée d'un procès pour "traîtrise" après avoir notamment critiqué l'assemblée constituante mise en place par le président Maduro, assemblée censée selon celui-ci mettre fin aux "violences" et permettre "le miracle économique" qui verra le pays se redresser.

Considérée comme la nouvelle "leader de l'opposition" par le président Maduro, Luisa Ortega a jugé ce projet de constituante dangereux pour la démocratie, estimant qu'il allait "détruire l'héritage" du président Hugo Chavez, décédé en 2013 après avoir dirigé le pays depuis 1999.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro (G) et son épouse Cilia Flores, le 15 janvier 2017 à Caracas
Le président vénézuélien Nicolas Maduro (G) et son épouse Cilia Flores, le 15 janvier 2017 à Caracas © JUAN BARRETO, AFP/Archives

L'OEA interdite de séjour

Dans une lettre remise à l'Organisation des États américains (OEA) et publiée mercredi, signée par Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, le Vatican avait aussi estimé que cette assemblée constituante mettait en péril la démocratie dans le pays.

Malgré ces nouvelles manifestations, Nicolas Maduro a continué jeudi à désigner des candidats pour les 545 postes de cette future constituante dont l'élection est prévue le 30 juillet.

Il a ainsi annoncé les candidatures de son épouse Cilia Flores, de Diosdado Cabello, le numéro 2 du PSUV, le parti au pouvoir, de la ministre des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez, et de Adan Chavez, frère de Hugo Chavez.

Parallèlement, Nicolas Maduro a promis, toujours devant la presse étrangère, que "plus jamais" un représentant de l'OEA ne mettra les pieds sur le sol vénézuélien. Mercredi, au dernier jour de leur 47e assemblée générale à Cancun, au Mexique, les pays de l'OEA avaient échoué à voter une résolution commune sur la crise politique au Venezuela, malgré la pression des États-Unis.

G.D. avec AFP