Vaches sacrées en Inde: 3 arrestations après la mort d'un musulman

Une femme et des enfants font une offrande à une vache, le 4 avril 2017 à New Delhi - DOMINIQUE FAGET, AFP
Trois membres d'une milice de protection des vaches ont été arrêtés en Inde pour le meurtre d'un musulman, passé à tabac alors qu'il transportait ces animaux sacrés pour l'hindouisme, a annoncé jeudi la police locale.
Pehlu Khan, un fermier musulman de 55 ans, a succombé lundi à ses blessures. Deux jours auparavant, son convoi de camionnettes avait été attaqué par une patrouille autoproclamée de défense de la vache, considérée par les hindous les plus fervents comme une "mère", sur l'autoroute à Alwar dans l'État du Rajasthan (ouest).
Cette agression intervient sur fond de crispations politico-religieuses autour de la vache en Inde, où les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi sont au pouvoir depuis trois ans. Sur la base de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, la police d'Alwar a interpellé mercredi soir trois suspects pour meurtre.
La police cherche à identifier 200 personnes impliquées
"Nous avons vu les vidéos et identifié au moins cinq personnes qui étaient sur place. Nous avons convoqué ces cinq personnes au commissariat et découvert que trois d'entre elles étaient directement impliquées dans l'agression", a déclaré à l'AFP Rahul Prakash, chef de la police d'Alwar.
Les forces de l'ordre cherchent maintenant à identifier quelque 200 personnes qui ont pris part au lynchage du fermier.
Dans plusieurs régions du nord et de l'ouest de l'Inde, des groupes de "gau rakshak" (protecteurs de la vache) rôdent sur les axes routiers et interceptent les véhicules transportant du bétail. L'abattage de vaches est interdit dans de nombreux États d'Inde, où il est parfois passible de prison à vie, et certaines régions demandent un permis pour pouvoir convoyer des vaches sur leur territoire.
Au moins dix personnes tuées
Onze survivants de l'attaque, qui étaient dans le convoi de camionnettes, ont d'ailleurs été interpellés. Les autorités les accusent d'avoir transportés des bovins sans les autorisations nécessaires.
Au moins dix musulmans ont été tués dans des incidents similaires en Inde, accusés d'avoir mangé de la viande de bœuf ou d'avoir trafiqué des vaches, au cours des deux dernières années. Pour leurs détracteurs, ces groupes se sont sentis renforcés par l'arrivée au pouvoir en 2014 du nationaliste hindou Narendra Modi.
Longtemps silencieux sur ce phénomène, le Premier ministre a accusé l'année dernière ces milices de se servir de la religion comme excuse pour commettre des crimes.