Syrie: l'offensive du régime contre la Ghouta se poursuit

De la fumée s'élève après un bombardement du régime au-dessus de la ville sous contrôle rebelle de Saqba, dans la Ghouta orientale, près de Damas, le 11 mars 2018 - Mohammed EYAD, AFP
Le régime syrien poursuivait ce lundi son offensive sanglante entamée il y a trois semaines sur l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, encore bombardée dimanche à coups de barils d'explosifs.
Soutenues par l'allié indéfectible russe, les forces du régime de Bachar al-Assad ont continué de progresser dans l'enclave rebelle où elles ont repris le secteur stratégique de Madira en dépit d'une forte résistance des rebelles, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'impuissance de la communauté internationale
Samedi, elles avaient réussi à isoler Douma, principale ville du dernier bastion rebelle aux portes de Damas, et à diviser l'enclave en trois, après 21 jours de bombardements intenses qui ont tué 1.139 civils dont 240 enfants, blessé plus de 4.400 personnes selon l'OSDH, et rendu la situation humanitaire insoutenable.
Profitant de l'impuissance de la communauté internationale et du soutien russe, le régime est déterminé à reconquérir cette région d'où des obus sont tirés régulièrement sur Damas. Dimanche, 4 civils ont été tués dans la capitale selon les médias officiels.
Dans la même journée, 23 civils ont été tués dans l'enclave rebelle, selon l'OSDH, notamment dans la localité de Harasta où l'aviation du régime a déversé bombes et barils d'explosifs en soirée.

Les corps s'accumulent
A Douma, un grand nombre de corps s'accumulent à la morgue en raison de l'impossibilité de les enterrer, le cimetière étant touché par les obus, selon un correspondant de l'AFP sur place. Dimanche, 17 dépouilles ont été, en outre, retirées de sous les décombres dans cette ville, selon l'OSDH.
Des odeurs nauséabondes se dégagent des bâtiments effondrés à cause des corps qui y sont ensevelis, selon un correspondant de l'AFP à Hammouriyé, une autre ville de l'enclave rebelle.
Dans plusieurs localités, "les équipes de secours ne parviennent pas à retirer" les corps des décombres, a indiqué l'OSDH. Des habitants de Misraba ont affirmé à l'ONG que les corps de 35 de leurs proches sont toujours sous les gravats deux jours après des bombardements.
Poursuites des négociations
Parallèlement aux bombardements, des négociations sur de possibles évacuations ont lieu avec des responsables de certaines localités de l'enclave rebelle.
Un comité constitué de responsables locaux a discuté samedi et dimanche avec des représentants du régime de la possible sortie "de ceux qui le souhaitent, civils ou rebelles, de Hammouriyé vers d'autres régions de Syrie sous contrôle des insurgés", selon un responsable. Aucune décision n'a encore été annoncée.

Selon l'OSDH, les négociations portent sur de possibles évacuations de Hammouriyé, Saqba et Kfar Batna, dans le sud de l'enclave rebelle. Mais les groupes insurgés ont eux répété qu'ils rejetaient toutes négociation et évacuation.
Menaces des Etats-Unis
Alors que le régime syrien, malgré ses démentis, est accusé de recourir aux armes chimiques dans ses attaques contre les groupes rebelles en Syrie, les Etats-Unis ont répété leurs mises en gardes dimanche.
"Nous avons été très clairs sur le fait qu'il serait très mal avisé (pour le régime syrien) d'utiliser des armes chimiques contre la population et les civils sur n'importe quel champ de bataille", a averti le secrétaire à la Défense Jim Mattis.