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Steven Sotloff: qui était l'otage décapité par l'Etat islamique?

Le journaliste Steven Sotloff (avec le casque noir) en conversation avec des rebelles libyens sur le front d’al-Daniya, en Libye, le 2 juin 2011

Le journaliste Steven Sotloff (avec le casque noir) en conversation avec des rebelles libyens sur le front d’al-Daniya, en Libye, le 2 juin 2011 - Etienne de Malglaive – AFP

PORTRAIT - Steven Sotloff, le second journaliste américain après James Foley, aurait été exécuté par les jihadistes de l'Etat islamique, selon une vidéo dont Washington a confirmé l'authenticité mercredi.

Il était porté disparu depuis plus d'un an en Syrie. Le reporter américain Steven Sotloff aurait été décapité par les combattants de l'Etat islamique dans les mêmes conditions que son compatriote le journaliste James Foley, le 20 août dernier. Une exécution barbare qui a été revendiquée par les jihadistes dans une vidéo diffusée mardi, et dont Washington a confirmé l'authenticité mercredi. Portrait d'un jeune homme de 31 ans qui couvrait depuis plusieurs années le monde musulman avec prudence et respect.

Steven Sotloff, un passionné du monde musulman

Steven Sotloff aurait été kidnappé le 4 août 2013 à Alep, en Syrie, près de la frontière avec la Turquie, mais son enlèvement avait été tenu secret.

Le natif de Miami, diplômé en journalisme de l'Université de Central Florida, a travaillé à la pige pour le magazine Time, l'hebdomadaire américain Christian Science Monitor, la publication Foreign Policy et plus récemment pour le journal World Affairs.

Il avait vécu au Yémen pendant des années, parlait bien l'arabe, aimait profondément le monde musulman (...)", avait tweeté Anne Marloe, une amie du journaliste qui l'avait rencontré lors du conflit libyen.

Sur Instagram ou Facebook, le journaliste publiait des images poignantes de civils prisonniers de conflits qui les dépassent, comme des enfants d'un camp syrien de réfugiés. Sur Twitter, il évoquait le conflit en Syrie, après le Printemps arabe en Egypte, le régime libyen, mais s'épanchait aussi sur son équipe favorite de basket, Miami Heat.

"Il voulait faire un dernier trajet en Syrie"

"Il vivait à Benghazi, en Libye, il vivait vraiment là-bas, c'est l'un de ces rares reporters free-lance qui pensent qu'ils doivent vivre sur place pour bien faire leur boulot", a déclaré à son égard l'éditrice du Moyen-Orient à Newsweek.

Ben Taub, journaliste free-lance, l'avait rencontré en Turquie, à la frontière avec la Syrie, peu avant son enlèvement. Ils avaient discuté du passeur qui l'aiderait à franchir la frontière dans un ultime voyage en Syrie pour "une bonne histoire dont il avait gardé les détails". Selon lui, "il était expérimenté (...) il était prudent et il m'a dit qu'il en avait marre".

"Après plusieurs bières au seul bar de Kilis, Sotloff m'a dit qu'il en avait assez d'être passé à tabac, qu'on lui tire dessus et qu'on l'accuse d'être un espion (...). Il m'a dit qu'il voulait arrêter pour un temps ses reportages, au moins sur les conflits au Moyen-Orient et peut-être reprendre des études en Floride". "Mais d'abord il voulait faire un dernier trajet en Syrie". Ben Taub croit que le nom de son passeur est arrivé aux oreilles des jihadistes par la faute d'un photographe canadien imprudent, qui cherchait lui-même à se rendre en Syrie mais y avait renoncé à la dernière minute.

Après la décapitation de James Foley, la famille de Sotloff avait lancé une pétition pour appeler le président Barack Obama à prendre "les mesures immédiates pour sauver (sa) vie par tous les moyens nécessaires".

M.G. et V.R. avec AFP