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Primaires démocrates: après la Caroline du Sud, le duel Biden-Sanders semble se confirmer

S'il a perdu du terrain en Caroline du Sud, Bernie Sanders reste pour l'heure le favori de la primaire démocrate

S'il a perdu du terrain en Caroline du Sud, Bernie Sanders reste pour l'heure le favori de la primaire démocrate - Eric Baradat - AFP

Au lendemain du vote en Caroline du Sud, le politologue et spécialiste des États-Unis François Durpaire analyse les gagnants et perdants de ce scrutin qui pourrait, à la veille du Super Tuesday, s'avérer décisif dans la course à l'intronisation démocrate.

La très attendue Caroline du Sud a rendu son verdict. Dans ce quatrième État à voter dans le cadre des primaires démocrates, l'ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, a largement survolé les débats avec plus de 48% des voix, loin devant son principal concurrent, Bernie Sanders, crédité quant à lui d'un peu moins de 20% des suffrages.

Joe Biden, "big winner" en Caroline du Sud 

Des chiffres qui relancent la course à l'intronisation et avec ces bons résultats, Joe Biden est le grand vainqueur de ce dimanche. Il talonne désormais, avec 48 délégués, Bernie Sanders qui reste malgré tout toujours en tête de la primaire avec 56 délégués.

"Il a fait ce qu'on appelle un 'big win', c'était un vote à la vie à la mort pour lui et s'il avait perdu, il serait peut-être parti. C'est une belle victoire avec 30 points d'avance et lui-même l'a dit dans son discours: 'We're very much alive' (Nous sommes très en vie, NDLR).

Cette victoire est importante à bien des égards, aussi bien dans son duel avec Bernie Sanders, que pour celui avec les autres candidats centristes. 

"La première victoire, c'est d'avoir battu Sanders. C'est le premier à le faire d'une manière si nette depuis le début des primaires. Mais le plus important c'est d'avoir battu, de très loin, les autres centristes. C'est lui qui a battu les autres alternatives dont Buttigieg qui apparaît maintenant très loin. Seuls trois candidats ont obtenu des scores à deux chiffres en Caroline du Sud (Biden, Sanders et Steyer, qui s'est retiré de la course ce dimanche, NDLR)."

Pour Joe Biden, cette victoire est également synonyme d'une exposition médiatique forte, et primordiale, à désormais deux jours du Super Tuesday.

"L'important, ce sera de transformer ces résultats en élan dans les 72 prochaines heures. Pour le moment, Biden est sous-financé et son organisation manque justement d'organisation. Cette victoire va lui apporter médias et publicités gratuites. C'est le retour de Biden et il impose un duel qu'on attendait, celui de l'aile gauche avec Sanders et de l'aile centriste. Pour le Super Tuesday, son objectif sera de minimiser les pertes, il va faire le dos rond et ne va pas fanfaronner. Les votes du 10 et du 17 mars lui seront plus favorables."

Sanders toujours favori, les autres centriste grands perdants

Malgré sa deuxième place et son score peu élevé, Bernie Sanders ne peut être considéré comme le perdant de Caroline du Sud.

"Sanders reste favori et est dans une position confortable avec le Super Tuesday, où il a 15 points d'avance en Californie (état ou 415 délégués sont en jeu, NDLR). Il n'y a pas de raisons que la Caroline du Sud casse son momentum. Il pourrait pourtant être en difficulté en Alabama, Virginie et Caroline du Nord ou l'électorat est similaire à celui d'ici." 

En réalité, les vrais défaits de Caroline Du Sud sont à chercher au niveau des modérés du parti Démocrate.

"Tous les autres centristes hormis Biden sont les grands perdants, surtout Buttigieg qui est incapable de faire 10%, et Klobuchar. De plus, depuis vendredi déjà, il y avait une série de ralliements à Biden et pas aux autres, dont celui de Tim Kaine, Léon Panetta (proche de Barack Obama) et Terry McAuliffe. La situation devient plus claire. Biden est vraiment devenu l'alternative centriste.
Dans la tête des centristes modérés et plus âgés qui ne veulent pas de Sanders, on va se dire 'je ne vais plus voter Bloomberg, Buttigieg, Klobuchar ou Warren, mais pour Biden. Il devient l'alternative modérée."
François Durpaire avec Hugo Septier