Plus d'un tiers des suicides de femmes dans le monde ont lieu en Inde

Une femme indienne - Image d'illustration - Sajjad HUSSAIN / AFP
Les conclusions de cette étude relayée début septembre par la revue scientifique The Lancet sont terrifiantes. Les chercheurs ont déterminé que 37% des femmes qui se donnent la mort à travers le monde sont originaires d'Inde. Comme le rapporte Le Monde qui reprend les grandes lignes de ces recherches qui portaient sur le suicide dans ce pays d'1,3 milliard d'habitants, ce chiffre a de fortes conséquences "socio-économiques, politiques et émotionnelles." Un phénomène qui semble également toucher les hommes, puisqu’à l’échelle mondiale, 25% des suicides masculins concernent l’Inde.
Toujours selon le quotidien français, qui a pu interviewer Kamala Marius, chercheuse à l’Institut français de Pondichéry et spécialiste des inégalités en Inde, les explications sont multiples.
"Avec la montée du niveau de vie, il y a une ouverture plus grande au monde possible, et donc à la conscience de ce qu’on n’a pas en comparaison des autres" détaille-t-elle.
Les mariages forcés pointés du doigt
Néanmoins, l’étude pointe également indirectement du doigt le phénomène des mariages forcés, fréquents dans le pays. En Inde, 20% des femmes, soit une sur cinq, sont mariées avant d’avoir 15 ans. "Ça montre que les Indiennes font face à de véritables difficultés. Nos normes sociales sont très régressives", explique de son côté Poonam Muttreja, directrice générale de l'association Population Foundation of India, interrogée par Le Point.
"Sur les ressorts, ils sont évidemment très nombreux. Je pense que des situations conjugales décevantes jouent beaucoup dans les suicides. Cela crée des situations d’isolement terribles, d’autant que la tradition veut que les femmes emménagent avec la belle-famille", abonde Kamala Marius.
Un pays miné par les lois communautaires
La question des violences quotidiennes faites aux femmes en Inde est également un facteur d’explication plausible. Dans son entretien, Kamala Marius prend l’exemple d’un viol collectif à New Delhi qui, en 2012, avait fortement ému l’opinion publique, mais qui n’avait pas modifié la situation. "La question des violences conjugales, et notamment du viol conjugal, reste, elle, complètement minimisée", poursuit-elle.
Si depuis quelques années la justice indienne semble vouloir rétablir la situation, avec notamment la promulgation de lois interdisant la dot et le mariage avant 15 ans, les lois communautaires ont toujours une importance majeure dans le pays.