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Mykolaïv bombardée, nouveaux pourparlers: où en est-on au 34e jour de l'invasion russe en Ukraine?

Des pompiers transportent le corps d'une victime après une frappe russe sur un bâtiment de l'administration régionale de Mykolaïv, le 29 mars 2022 en Ukraine

Des pompiers transportent le corps d'une victime après une frappe russe sur un bâtiment de l'administration régionale de Mykolaïv, le 29 mars 2022 en Ukraine - BULENT KILIC © 2019 AFP

Alors que l'administration régionale de Mykolaïv dans le sud de l'Ukraine a été touchée par une frappe russe, faisant au moins douze morts, les négociations de paix se sont tenues à Istanbul ce mardi.

Ce mardi, l'Ukraine affirme regagner peu à peu du terrain, notamment près de Kiev, avec la reprise annoncée d'Irpin. Au terme de négociations "significatives" à Istanbul en Turquie, la Russie a d'ailleurs annoncé vouloir réduire "radicalement" son activité militaire dans la région de la capitale. Mais cette 34e journée de combats a également été marquée par une frappe meurtrière sur la ville de Mykolaïv et l'impossibilité de mettre en place un couloir humanitaire à Marioupol.

· Au moins 12 morts et 33 blessés dans une frappe russe à Mykolaïv

Au coeur du bâtiment de l'administration régionale de Mykolaïv, on peut désormais voir un trou béant, qui témoigne de la violence de la frappe. Après plusieurs jours de répit, cette ville-clé du sud de l'Ukraine, située sur la route d'Odessa, a été frappée par un missile russe dans la matinée ce mardi.

D'après un dernier bilan annoncé en fin de journée par le parquet général ukrainien, ce sont 12 personnes qui ont été tuées dans cette attaque, et 33 autres ont été blessées.

Aucun objectif militaire n'a été visé, "les habitants de Mykolaïv ne présentaient aucune menace contre la Russie. Et malgré cela, comme tous les Ukrainiens, ils sont devenus les cibles des troupes russes", avait affirmé Volodymyr Zelensky plus tôt dans la journée, au cours d'une intervention devant le Parlement danois.

Durant l'après-midi, des pelleteuses mécaniques étaient toujours en train de déblayer le monticule de gravats qu'il restait de l'édifice.

· Une opération humanitaire à Marioupol pas possible "à ce stade"

Ils seront restés environ une heure au téléphone. Pendant leur nouvel échange ce mardi par téléphone, le président français Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine ont évoqué la situation à Marioupol. Les conditions humanitaires au sein de la ville portuaire du sud-est ukrainien, assiégée depuis des semaines par les forces russes, inquiètent beaucoup. Pourtant, à l'issue de l'entretien, l'Elysée a affirmé que les conditions pour lancer au cours des prochains jours une opération humanitaire dans la ville n'étaient "pas réunies à ce stade".

Un constat difficile, alors que le maire de Marioupol appelait encore ce mardi matin sur BFMTV les pays occidentaux à mettre en place au plus vite des couloirs humanitaires pour faire sortir de la ville les quelque 100.000 habitants encore présents.

Preuve qu'une solution est encore loin d'être trouvée pour leur venir en aide, le président russe Vladimir Poutine a affirmé à la sortie de son entretien avec Emmanuel Macron qu'avant toute chose, "les nationalistes ukrainiens" devaient déposer les armes dans la ville.

· La Russie réduit son activité militaire dans les régions de Kiev et Tcherniguiv

C'est l'une des conséquences des pourparlers "substantiels" qui se sont tenus ce mardi à Istanbul entre les délégations ukrainiennes et russes. La Russie a promis de "radicalement" réduire son activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv.

"Les négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non-nucléaire de l'Ukraine entrant dans une dimension pratique (...), il a été décidé, pour accroître la confiance, de réduire radicalement l'activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv", a déclaré à Istanbul le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, à l'issue des discussions.

Le ministre turc des Affaire étrangères Mevlüt Cavusoglu a salué "les progrès les plus significatifs" réalisés depuis le début de la guerre en Ukraine lors de ces négociations, alors que Washington et Londres se sont dits méfiants face à l'annonce de cette nouvelle stratégie russe.

Une décision militaire qui intervient aussi au moment où les forces ukrainiennes revendiquent des victoires sur le terrain près de la capitale. Depuis lundi soir, les autorités célèbrent notamment la reprise d'Irpin, au nord-ouest de Kiev, réputée verrou vers la capitale. Un succès certainement plus symbolique que stratégique.

· Decathlon annonce la "suspension" de ses activités en Russie

L'enseigne de sport était sous pression en maintenant ses activités en Russie, pendant que la plupart des entreprises françaises quittaient le pays. Finalement, c'est en raison de problème d'approvisionnement que Decathlon va se retirer. Dans un communiqué, l'entreprise a indiqué ce mardi que les sanctions internationales l'empêchaient de rester en Russie:

"Respectant scrupuleusement les sanctions internationales (décidées contre la Russie par des pays occidentaux), Decathlon constate que les conditions d’approvisionnement ne sont plus réunies pour poursuivre son activité en Russie. Decathlon est amené à suspendre l’exploitation de ses magasins”, peut-on lire dans le communiqué.

Decathlon, comme Auchan et Leroy-Merlin, faisait partie de ces enseignes de l'association familiale Mulliez à continuer d'être active en Russie. Et pour cette raison, à s'attirer les foudres sur la scène internationale. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, demandait notamment le 24 mars devant le Parlement français à "Renault, Auchan, Leroy Merlin et autres" de "cesser d'être les sponsors de la machine de guerre de la Russie" en Ukraine.

Depuis 2006, Decathlon avait ouvert soixante magasins en Russie, et était particulièrement actif dans la région de Moscou. Si l'entreprise a annoncé la suspension de ses activités par mail, en fin de matinée à ses employés, elle assure vouloir "continuer à accompagner ses 2500 coéquipiers russes".

· Les alliés européens veulent "continuer d'accroître le coût payé par la Russie"

Pas question de relâcher la pression. Ce mardi, Emmanuel Macron, Joe Biden, Olaf Scholz, Boris Johnson et Mario Draghi ont échangé par téléphone au sujet de la situation en Ukraine. Ils ont d'abord mis en garde par l'intermédiaire d'un porte-parole du Premier ministre britannique: il ne peut y avoir "aucun relâchement de la détermination occidentale tant que l'horreur infligée à l'Ukraine" n'est pas terminée.

Ils ont par la suite réaffirmé dans un communiqué de la Maison Blanche leur volonté de continuer à faire payer le prix fort à Moscou:

"Les dirigeants ont affirmé leur détermination à continuer d'accroître le coût payé par la Russie pour son attaque brutale de l'Ukraine" peut-on lire.

Le communiqué indique également que les dirigeants européens et américain se sont mis d'accord pour "continuer à apporter une aide sécuritaire à l'Ukraine pour qu'elle se défende". Une volonté également affichée par Joe Biden sur son compte Twitter ce mardi soir.

Louis Augry