Syrie: les menaces de Bachar al-Assad sont-elles crédibles?

Le président syrien a indiqué lundi qu'il y aurait des "répercussions sur les intérêts de la France" en cas de frappes françaises sur la Syrie. Analyse des possibilités d'actions de Damas.

"Dans la mesure où l'Etat français est hostile au peuple syrien, cet Etat sera son ennemi. Il y aura des répercussions, négatives bien entendu, sur les intérêts de la France." Telles sont les menaces formulées par Bachar al-Assad, le président syrien, dans un entretien accordé lundi au journaliste Georges Malbrunot du Figaro.

Des menaces à prendre au sérieux, estime mardi Antoine Sfeir, politologue et spécialiste du Proche et du Moyen-Orient. "La puissance de nuisance de la Syrie est toujours à prendre au sérieux. Elle l'a prouvé depuis longtemps, et le régime est toujours aussi efficace."

Cibles les plus vulnérables: les représentations françaises au Proche-Orient. Une région où le régime de Damas a déjà montré sa capacité d'action à ceux qui lui étaient hostiles. En 2005, par exemple, une enquête mandatée par l'ONU a mis en cause des responsables syriens dans l'assassinat du premier ministre libanais Rafiq Hariri, hostile à l'influence de Damas sur son pays.

Embrasement régional?

Bachar al-Assad a également mis en garde la France et les Etats-Unis contre un embrasement de la région en cas de frappes. "Le Moyen-Orient est un baril de poudre, a-t-il noté. Tout le monde perdra le contrôle lorsque le baril de poudre explosera."

Un argument que les Occidentaux prennent au sérieux, car la Syrie dispose d'alliés en capacité de la soutenir. Dans la région, elle peut compter sur l'Iran et sur le Hezbollah libanais. Pour Antoine Sfeir, une intervention occidentale pourrait vraisemblablement "entraîner une intervention iranienne". Ailleurs dans le monde, la Syrie peut aussi compter sur la Russie et la Chine, alliés indéfectibles du régime de Damas.

M. T. avec Céline Moncel