Paris veut une preuve de vie des reporters otages en afghanistan

Lors d'une manifestation à Paris. Le ministre de la Défense, Hervé Morin, a dit à Kaboul espérer recevoir prochainement des preuves de vie des deux journalistes français enlevés il y a près de six mois en Afghanistan. /Photo prise le 28 mai 2010/REUTERS/P - -
par Elizabeth Pineau
BASE DE TORA, Afghanistan (Reuters) - Le ministre de la Défense, Hervé Morin, a dit à Kaboul espérer recevoir prochainement des preuves de vie des deux journalistes français enlevés il y a près de six mois en Afghanistan.
Accompagné du président de France Télévisions, Patrick de Carolis, Hervé Morin devait plaider auprès du président afghan Hamid Karzaï la cause de Stéphane Taponnier et de Hervé Ghesquière, journalistes à la chaîne de télévision publique France 3, capturés le 29 décembre dans la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul, avec deux accompagnateurs afghans.
Un rendez-vous avec Hamid Karzaï prévu dans la matinée a été reporté à l'après-midi.
Après une rencontre informelle avec des membres des renseignements français sur le terrain, Hervé Morin a dit avoir bon espoir de recueillir des preuves de vie des captifs, dont la dernière vidéo remonte au mois d'avril.
"Nous avons de bons espoirs et nous avons des témoignages qui semblent nous indiquer que nos deux compatriotes sont en vie", a dit Hervé Morin à la presse.
"Ce que nous souhaitons, dans le cadre des discussions indirectes qui peuvent exister avec les ravisseurs, c'est que nous ayons une preuve de vie, comme nous avons eu une vidéo il y a quelques mois. Voilà ce que nous attendons, ce que nous espérons dans le cadre des discussions qui ont lieu à l'heure actuelle", a-t-il ajouté à la base française de Tora, dans le district de Surobi.
On pouvait apercevoir derrière lui, à une vingtaine de kilomètres au sud, le sommet enneigé de la montagne au pied de laquelle court la route où ont été enlevés les reporters français, qui travaillaient pour le magazine "Pièces à conviction".
LES OTAGES "LIMITENT" LES MILITAIRES
Selon Hervé Morin, les otages ne sont pas aux mains "d'un réseau mafieux mais d'un réseau taliban" plus politique. En réponse à l'impatience des familles et des nombreux soutiens des otages, le ministre a indiqué qu'un dialogue était maintenu avec les ravisseurs.
"De toutes les conversations que nous pouvons avoir, nous avons aujourd'hui le sentiment qu'un dialogue commence à opérer, que ce dialogue nous laisse espérer que nos deux compatriotes pourraient un jour ou l'autre, dans les semaines ou dans les mois qui viennent, retrouver la liberté", a dit Hervé Morin. "Cela nous semble moins fermé aujourd'hui qu'hier".
Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait évoqué le mois dernier des négociations "très difficiles".
Selon des sources proches du dossier, les ravisseurs demanderaient notamment la libération d'une vingtaine de prisonniers afghans.
Les forces françaises présentes dans la zone ont ajouté à leurs missions la participation aux efforts pour libérer leurs deux compatriotes.
"La meilleure façon d'avoir des nouvelles des otages c'est de ne pas en parler", souligne un officier français de la base de Tora.
"La présence des otages nous limite dans un certain nombre d'actions", a-t-il aussi reconnu.
Après une visite aux bases de Tora et Tagab, le ministre de la Défense devait présider en fin de journée une cérémonie de levée de corps du brigadier tué la semaine dernière par un tir d'artillerie. Son cercueil devait reprendre le chemin de la France à bord de l'avion du ministre.
Il s'agit du 44e soldat français tué depuis le renversement du régime taliban en 2001 en Afghanistan, où la France a déployé quelque 3.500 soldats.
Edité par Yves Clarisse