Pour Netanyahou, l'Iran est l'ennemi, et la France l'ami

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. - -
Lors de son voyage en France, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a réussi à déclencher une vague de bons sentiments bilatéraux, autour de deux axes : l'hommage aux juifs toulousains tués par Mohamed Merah le 19 octobre 2012, et une nécessaire rencontre bilatérale entre lui et François Hollande qui s'étaient peu rencontrés jusqu'à présent.
Une amitié géopolitiquement correcte
Regardons uniquement le côté géopolitique de la visite, car, évidemment, Netanyahou ne doute aucunement de la volonté française de lutter contre l'antisémitisme.
Ainsi l'échange a été bien plus que constructif, il a été enthousiaste. Netanyahu le disait lui-même mercredi en conférence de presse à l'Élysée : amitié avec François Hollande, et identité de vues sur l'Iran. D'après diverses sources, il s'avère que côté israélien, l'on se demandait si l'Élysée aurait des réticences à parler de frappes aériennes israéliennes sur les installations iraniennes. Du côté français, la crainte aurait pu être de voir Netanyahu prendre une posture exagérément belliqueuse, gesticulatoire, et même bourrue.
Surprise générale : Netanyahou s'est légèrement modéré et Hollande l'a traité en ami. Ce dernier point est important, car très souvent les dirigeants français usent des habituels propos d'amitié "franche" mais critique, et qui passent pour un soutien à la causse palestinienne.
Jouer sur les mots, pour formuler une doctrine
Netanyahu a donc réussi à faire converger Paris et Jérusalem, via le tour de passe-passe suivant : Netanyahou, dans une interview avec Paris-Match précédant sa visite (datée du 31 octobre 2012), disait qu'en cas d'attaque aérienne contre les installations nucléaires iraniennes, le monde entier serait soulagé presque tout de suite !
À Paris, l'on a cru que s'était l'annonce de la probabilité d'une attaque israélienne. Dès qu'il foula le sol français, le Premier ministre israélien estima que la question était hypothétique : "si l'on bombardait". Et d'ajouter ce qui est la doctrine Netanyahou : dire aux Ayatollahs que l'obtention de l'arme nucléaire serait stoppée in fine par des moyens militaires, et que de sévères sanctions précéderaient l'abandon total du programme iranien.
En effet, Netanyahou est convaincu que le régime à Téhéran est idéologiquement porté vers le chaos et la destruction, pour précipiter le retour de l'Imam caché, que ce régime ne tombera pas, et qu'avec la bombe il serait éternel et mortellement dangereux pour Israël.
Netanyahou montre un fort sens historique, ce qu'un public français ne peut qu'apprécier (en outre il a prononcer de nombreuses phrases en français, compliment élégant au pays hôte).
Les Palestiniens : une autre fois
Lors de cette visite, le processus de paix israélo-palestinien a paru sans défenseur. François Hollande y fit à peine référence. Netanyahou ne s'y est pas trop intéressé, se contentant de dire "je suis prêt à négocier aujourd'hui ici à Paris avec Mahmoud Abbas". Hollande a semblé bienveillemment décontenancé. Mais tout cela ne fait pas de la politique étrangère concrète.
Pour conclure : Benjamin Netanyahou est désormais une figure acceptable en France. Il a plaidé sa cause, et François Hollande a été compréhensif. Les Ayatollahs auront-ils peur?