Iran: une journaliste conservatrice choque en s'affichant sans voile et bière à la main

Une présentatrice vedette de la télévision iranienne, aux idées plutôt conservatrices, est au coeur d'un scandale dans son pays après avoir été photographiée non voilée et en train de boire de l'alcool.

Une illustration de l'hypocrisie régnant en Iran, à l'heure où le pays s'ouvre de plus en plus. Une présentatrice phare de la télévision iranienne se retrouve sous le feu des critiques après avoir été surprise sans voile et en train de boire de l'alcool pendant ses vacances en Suisse, rapporte le site internet de L'Obs.

Azadeh Namdari, une speakerine connue pour ses prises de positions ultra-conservatrices à la télévision, où elle apparaît vêtue d'un long voile islamique, était en vacances en Suisse lorsqu'elle a été photographiée sans voile, les cheveux découverts, vêtue à l'occidentale, et en train de boire une bière. 

Les photos de la controverse 

Comme l'explique France 24, Azadeh Namdari ne cache jamais ses idées rigoristes dans les médias iraniens, où elle défend notamment le port du voile intégral. A tel point que les autorités iraniennes la présenteraient régulièrement comme un exemple de la femme musulmane parfaite dans le pays. 

Mais une vidéo et des photos diffusées le 23 juillet sur la messagerie cryptée Telegram montrent la journaliste non voilée dans un parc suisse, avec sa famille, son époux et sa fille, en train de boire de la bière. Autrement dit, un comportement strictement interdit en Iran, et à l'opposé des valeurs conservatrices qu'elle met un point d'honneur à défendre. 

Les images ont choqué bon nombre d'internautes iraniens, qui ont rappelé que la journaliste s'était il y a peu de temps dite "fière de porter le tchador" à la Une du journal iranien ultra-conservateur Vatan-e-Emruz. 

La source se trouvant derrière la fuite de ces images est pour l'heure inconnue. Mais elles ont d'ores-et-déjà fait le tour des réseaux sociaux en Iran, où Azadeh Namdari se retrouve pointée du doigt pour son hypocrisie. Choqués par son comportement, aux antipodes de son discours, de nombreux internautes n'hésitent pas à la qualifier d'"escroc", qui aurait adopté un faux discours conservateur pour se faire sa place à la télévision iranienne.

Un comportement "hypocrite" 

En Iran, boire de l'alcool en public est puni de 72 coups de fouet. Un châtiment très sévère, qui pousse de nombreux Iraniens à consommer en cachette, et à redoubler d'ingéniosité pour contourner la loi. "Très souvent, les Iraniens ont deux vies parallèles: une vie publique qui respecte la loi, et une autre vie plus privée où ils se comportent comme ils sont vraiment", rappelle Asieh Amini, activiste iranienne vivant en Norvège, citée par France 24.

Si de nombreux Iraniens adoptent et défendent l'idée d'une double-vie pour contourner les tabous de la société iranienne, dans ce cas de figure, c'est davantage ce qui est perçu comme du mensonge et de l'hypocrisie de la part d'Azadeh Namdari qui lui vaut d'être portée aux nues par l'opinion publique. 

"Ce qui choque vraiment les Iraniens dans le cas de cette journaliste, c’est qu’elle a donné des leçons à tout le monde sur la vie qu’il faut mener, sans se les appliquer à elle-même. En s’affichant ainsi, elle prouve qu’elle a menti", analyse encore Asieh Amini.

Des explications bancales

De son côté, Azadeh Namdari a posté une vidéo sur Internet pour tenter de rattraper la situation. A nouveau entièrement voilée, elle y explique qu'elle se trouvait dans un espace privé, en famille, et que son voile était tombé lorsque les clichés ont été pris, avant de demander à ce que sa vie privée soit respectée. Aucune mention n'est en revanche faite de la bière. Des explications bancales, qui n'ont, pour l'heure, pas convaincu les Iraniens.

A.S.