Iran: Rohani ne va pas arrêter l'enrichissement d'uranium

Hassan Rohani s'est exprimé lundi lors de sa première conférence de presse depuis son élection vendredi dès le premier tour. - -
C'est le dossier sensible au coeur des inquiétudes des grandes puissances. Le nouveau président iranien a exclu lors de sa première conférence de presse lundi à Téhéran tout arrêt du programme d'enrichissement d'uranium. Il maintient ainsi la ligne du régime islamique, tout en promettant plus de "transparence" sur ces activités.
"L'époque" des demandes occidentales pour un arrêt de l'enrichissement d'uranium, "est révolue", a dit le président élu, assurant qu'il existait "de nombreuses voies pour créer la confiance" car l'Iran allait "faire (preuve de) plus de transparence pour montrer que (ses) activités sont conformes aux règles internationales".
L'Iran, malgré ses démentis, est accusé par l'Occident et Israël de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.
"Sanctions pas efficaces"
La communauté internationale a imposé des sanctions à l'Iran pour le contraindre de cesser ses activités sensibles dont l'enrichissement d'uranium. Parallèlement, des négociations entre l'Iran et les grandes puissances (le groupe 5+1) pour régler la crise n'ont enregistré aucun progrès.
"Le principe est de rendre plus actives les négociations avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne), le problème nucléaire ne peut être réglé que par les négociations. Les menaces et les sanctions ne sont pas efficaces", a-t-il poursuivi.
"Les sanctions sont injustes, le peuple iranien n'a rien fait pour les subir. Nos activités (nucléaires) sont légales. Ces sanctions sont au désavantage de l'Occident et profitent seulement à Israël", a ajouté Hassan Rohani, les sanctions ayant provoqué une crise économique en Iran.
Dans le dossier nucléaire, "Hassan Rohani va utiliser son expérience en diplomatie pour faire baisser la pression des sanctions par la négociation" avec les grandes puissances, a déclaré Mohammad-Bagher Nobakht, son conseiller pour les affaires économiques, cité lundi par la presse.
Dialogue avec Washington sous conditions
Sur le dialogue avec les Etats-Unis, ennemi juré de l'Iran, le président élu a souligné que "tout dialogue avec les Etats-Unis doit se faire dans l'égalité et le respect mutuel et à certaines conditions", en citant notamment la nécessité pour Washington de "reconnaître les droits nucléaires" de son pays.
Hassan Rohani, qui prend ses fonctions le 3 août, a promis durant la campagne électorale plus de souplesse dans le dialogue avec l'Occident, mais sa victoire ne marquera toutefois pas une rupture dans la politique de la République islamique, les dossiers stratégiques comme le nucléaire ou les relations internationales étant sous l'autorité directe du Guide suprême et numéro un du régime Ali Khamenei.
Les pays occidentaux et la Russie ont accueilli favorablement l'élection d'Hassan Rohani et Washington s'est dit prêt à "coopérer sur la question nucléaire" avec lui. Israël a néanmoins appelé à maintenir la pression sur l'Iran pour l'obliger à cesser ses activités nucléaires.
Hassan Rohani, surnommé le "cheikh diplomate", était chargé des négociations nucléaires entre 2003 et 2005, sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami. A l'époque, l'Iran avait accepté la suspension de l'enrichissement d'uranium après des négociations avec la troïka européenne (France, Grande-Bretagne et Allemagne).
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