Installations nucléaires visées, hauts responsables tués... Ce que l'on sait des frappes israéliennes sur l'Iran

De la fumée s'échappant d'un site qui aurait été visé par une frappe israélienne dans la capitale iranienne, Téhéran, au début de la matinée, vendredi 13 juin 2025. - SEPAH NEWS / AFP
Israël a bombardé plusieurs sites iraniens, dans la nuit de jeudi à vendredi 13 juin, aux alentours de deux heures du matin, heure de Paris, et continue de mener des frappes sur le territoire iranien. Israël a déclaré qu'il s'agissait de frappes "préventives", ciblant des installations militaires et nucléaires iraniennes, afin d'empêcher Téhéran de développer une arme atomique. L'Iran a réagi en déclarant avoir un "droit légal et légitime" de répondre à cette agression, "conformément à l'article 51 de la Charte des Nations unies".
• Des sites militaires et nucléaires et la capitale bombardés
D'après la télévision d'État iranienne, les frappes israéliennes ont visé Téhéran, ainsi que trois sites militaires dans le nord-ouest de l'Iran. "Trois sites militaires dans la province d'Azerbaïdjan de l'Est ont été attaqués par le régime sioniste", a rapporté la télévision d'État iranienne. La télévision publique a fait état de flammes et de fumée au quartier général des Gardiens de la Révolution situé dans la rue Pirouzi, dans l'est de Téhéran.
L'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz a également été touchée par les frappes israéliennes. "L'installation d'enrichissement de Natanz a été touchée plusieurs fois," a rapporté la télévision d'État iranienne en montrant des images de fumée épaisse s'échappant du site. D'après l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIE), "aucune augmentation des niveaux de radiation n'a été observée" sur le site de Natanz.
L'armée israélienne a cependant fait savoir que ses avions de combat continuaient de mener des frappes contre des installations militaires et nucléaires iraniennes, ce vendredi matin, d'autres cibles pourraient donc être touchées.
"Nos pilotes ont attaqué et continuent d'attaquer des cibles militaires et des cibles liées au programme nucléaire dans diverses régions d'Iran", a déclaré le porte-parole de l'armée, le général de brigade Effie Defrin. Benjamin Netanyahu a déclaré que la campagne militaire contre l'Iran se poursuivrait pendant "autant de jours que nécessaire".
Pour justifier ses frappes, l'armée israélienne a indiqué vendredi disposer de renseignements prouvant que Téhéran s'approche du "point de non-retour" vers la bombe atomique.
• Des chefs militaires et des scientifiques nucléaires tués
Plusieurs chefs militaires et au moins six scientifiques nucléaires ont été tués par Israël, dans les frappes menées sur plusieurs sites nucléaires et militaires iraniens. Ces derniers sont "tombés en martyrs", ont déclaré la télévision publique iranienne et les agences de presse iraniennes.
D'après la télévision publique iranienne et les agences de presse iraniennes Mehr et Tasnim, le chef des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, le chef d'état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, ainsi que le commandant des Gardiens de la Révolution, Gholam Ali Rashidi, ont été tués dans les frappes tirées par Israël sur l'Iran.
"Abdolhamid Minouchehr, Ahmadreza Zolfaghari, Amirhossein Feqhi, Motalleblizadeh, Mohammad Mehdi Tehranchi, and Fereydoun Abbasi sont les scientifiques nucléaires martyrs" de l'attaque d'Israël, a détaillé l'agence de presse Tasnim news.
Au moins cinquante personnes, dont des femmes et des enfants, ont aussi été blessées, selon la télévision d'État iranienne. "Suite à l'attaque israélienne, environ 50 personnes blessées ont été transférées à l'hôpital Chamran (à Téhéran), dont au moins 35 sont des femmes et des enfants," a déclaré la télévision d'Etat.
• L'Iran lance une centaine de drone sur Israël
Quelques heures après les frappes israéliennes sur l'Iran, Téhéran a répliqué en lançant une centaine de drones sur Israël, a déclaré le porte-parole de l'armée israélienne. "L'Iran a lancé environ 100 drones en direction du territoire israélien que nous nous efforçons d'intercepter", a affirmé le général de brigade Effi Defrin dans une déclaration télévisée.
Plus tôt, l'Iran a réagi en citant l'article 51 de la Charte des Nations unies, avertissant de son "droit légal et légitime" à répondre à l'agression israélienne. Les forces armées iraniennes "n'hésiteront pas à défendre la nation iranienne avec toutes leurs forces", a affirmé le ministère des Affaires étrangères iranien dans un communiqué.
"Les actions agressives du régime sioniste contre l'Iran n'auraient pas pu être menées sans la coordination et la permission des États-Unis", a ajouté le ministère des Affaires étrangères, affirmant tenir les États-Unis "responsables des répercussions dangereuses et des conséquences de l'aventurisme du régime sioniste".
L'Iran a également réagi en réaffirmant sa volonté de développer sa technologie nucléaire. "On ne peut s'adresser à un régime aussi prédateur qu'avec le langage de la force", affirme le gouvernement iranien dans un communiqué. "Le monde comprend désormais mieux l'insistance de l'Iran sur son droit à l'enrichissement, à la technologie nucléaire et à la puissance balistique", ajoute le communiqué.
• Condamnations internationales et appel au calme
Le chef de l'ONU Antonio Guterres a exhorté Israël et l'Iran à "faire preuve de la plus grande retenue" après la vague de frappes israéliennes, a déclaré un de ses porte-paroles dans un communiqué.
Tout en condamnant globalement "toute escalade militaire au Moyen-Orient", le communiqué du porte-parole Farhan Haq indique que Antonio Guterres est "particulièrement préoccupé" par les frappes israéliennes sur des installations nucléaires iraniennes, alors que des négociations étaient en cours entre États-Unis et Iran.
Les États-Unis ont fait savoir qu'ils espéraient poursuivre les négociations prévues avec l'Iran dimanche, malgré les attaques israéliennes, dont les Iraniens tiennent les États-Unis pour responsables.
Pour cause, Donald Trump a déclaré avoir eu connaissance qu'Israël allait conduire des frappes en Iran avant celles-ci. "L'Iran ne peut pas avoir la bombe nucléaire et nous espérons revenir à la table des négociations", a déclaré le président américain, vendredi, cité par Fox News.
D'autres pays ont réagi aux attaques israéliennes sur le territoire iranien. Le Japon "condamne fermement" les frappes israéliennes en Iran, qui marquent "une escalade", a déclaré le chef de la diplomatie japonaise. Le Qatar, qui joue le rôle de médiateur entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a également condamné les frappes israéliennes sur l'Iran, affirmant qu'elles entravaient les efforts diplomatiques dans la région.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer juge lui "préoccupantes" les frappes israéliennes contre l'Iran, appelant les parties à "la retenue" et à "revenir à la diplomatie". Le mouvement islamiste palestinien Hamas a par ailleurs réagi aux attaques israéliennes sur l'Iran en les condamnant. "La vaste agression" lancée par Israël constitue "une escalade dangereuse qui menace de faire exploser la région, et reflète l'insistance du gouvernement extrémiste de Netanyahu à entraîner la région dans des confrontations ouvertes", a déclaré le Hamas.