Ce que va changer l'accord sur le nucléaire iranien

Dans les rues de Téhéran, deux jeunes Iraniennes arboraient mardi soir le portrait du ministre des Affaires étrangères et dirigeant de la délégation iranienne à Vienne, Mohammad Javad Zarif - Atta Kenare - AFP
Téhéran était à la fête mardi soir après la signature de l'accord jugé "historique" mettant fin à douze années de tensions autour du dossier nucléaire iranien. L'Union européen, l'ONU, ou Londres ont salué un accord "historique", tandis que Moscou poussait "un soupir de soulagement" au terme d'un véritable marathon diplomatique. Mais après? Qu'est-ce que l'accord issu de 12 ans de négociations va changer? Eléments de réponse.
> Levée progressive des sanctions qui étouffent son économie
Pour les habitants de Téhéran interrogés mardi soir, il ne fait aucun doute que l'accord et la levée des sanctions internationales qui suivront permettront un "boom" de l'économie iranienne et une amélioration de leur vie quotidienne. Avec une inflation de 15 % et un chômage proche des 20 %, l'espoir est grand.
Les premières sanctions pourront être levées à partir du premier semestre 2016 si Téhéran respecte ses engagements. En cas de violation de l'accord, elles pourront être rétablies et cela pendant quinze ans.
Les milieux économiques se tiennent prêts à revenir dans ce pays de 77 millions d'habitants qui dispose des quatrièmes réserves de brut au monde et des deuxièmes de gaz. Les entreprises françaises sont d'ailleurs dans les starting blocks depuis des mois. Total, Peugeot et Renault sont bien implantés. Emmenés par le Medef, une centaine de patrons français s'était rendus à Téhéran à l’automne dernier.
> "La répression aura moins d'espace"
L'ouverture économique du pays pourrait avoir des conséquences sur les libertés individuelles. Le directeur de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) estime que "la répression aura moins d'espace". "La société civile va au fur et à mesure conquérir plus d'espace et grignoter des libertés que le pouvoir ne veut pas pour l'instant lui accorder et qu'il justifie par des menaces extérieures", analyse Pascal Boniface sur BFMTV.
Il explique qu'il "y a une soif de liberté dans la jeunesse". Pour rappel, 70% des Iraniens ont moins de 40 ans.
Le chercheur estime toutefois que le processus sera lent et prévient: "l'Iran ne deviendra pas la Norvège demain matin".
> Une nouvelle donne sur la scène diplomatique
Enfin, l'accord nucléaire doit permettre à l'Iran de sortir de son isolement politique, économique mais aussi diplomatique. Washington espère que le compromis ouvrira la voie à une coopération renforcée avec l'Iran notamment face au groupe Etat islamique qui a conquis de vastes territoires en Syrie et en Irak il y a un an.
Une position partagée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov, selon qui l'accord rend possible une coalition "élargie" pour combattre ce groupe extrémiste sunnite, qui est hostile à l'Iran chiite autant qu'à l'Occident.
Les Emirats arabes unis -pays sunnite- ont également salué un accord qui peut ouvrir "une nouvelle page dans les relations entre les pays de la région du Golfe" à condition que l'Iran "révise sa politique et cesse ses ingérences dans les affaires intérieures de pays comme l'Irak, la Syrie, le Liban et le Yémen".
En Israël, le ministre de la Défense israélien Moshé Yaalon a en revanche dénoncé une "tragédie pour tous ceux qui aspirent à la stabilité régionale".