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Mitterrand et Kohl à Verdun: main dans la main devant l'histoire

Francois Mitterrand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984 à Douaumont

Francois Mitterrand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984 à Douaumont - , AFP/Archives

Pour commémorer les 100 ans de la bataille de Verdun, François Hollande et Angela Merkel ont rendez-vous, ce dimanche, à Douaumont dans la Meuse. Une rencontre symbolique, qui n'est pas sans rappeler un autre geste fort du couple franco-allemand. C'était il y a 32 ans.

François Mitterrand et Helmut Kohl main dans la main: l'image des deux dirigeants scellant à Douaumont (Meuse) en 1984 l'amitié franco-allemande, sur la terre qui vit jadis leurs deux nations s'affronter, est entrée dans l'histoire.

32 ans plus tard, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel vont se retrouver ce dimanche à Verdun (à une dizaine de kilomètres de Douaumont) pour commémorer le centenaire de la célèbre bataille qui débuta en février 1916 pour s'achever en décembre de la même année.

De la "réconciliation" à "l'idéal européen"

Mais, si l'objet de la cérémonie de 1984 était de "sceller la réconciliation" entre les deux pays, il s'agira cette fois d'être "dans la relance de l'idéal européen", comme l'a expliqué mardi François Hollande.

Helmut Kohl et François Mitterrand devant le catafalque, couvert d'un côté par un drapeau allemand et de l'autre par un drapeau français le 22 septembre 1984 à Verdun
Helmut Kohl et François Mitterrand devant le catafalque, couvert d'un côté par un drapeau allemand et de l'autre par un drapeau français le 22 septembre 1984 à Verdun © , AFP/Archives

Un geste symbolique, par dessus les tombes

Le 22 septembre 1984, 70 ans après le début de la guerre de 14-18, MM. Mitterrand et Kohl participent à une grande cérémonie à la mémoire des victimes. Après un hommage rendu aux disparus dont les restes reposent dans l'ossuaire de Douaumont, ils se placent devant le catafalque, couvert d'un côté par un drapeau allemand et de l'autre par un drapeau français.

A la fin de l'hymne allemand, Helmut Kohl se tourne vers François Mitterrand qui le regarde tandis que sa main se détache légèrement et rencontre celle du chancelier quelques instants dans un geste symbolique par-dessus les tombes. L'Elysée a toujours affirmé que le geste avait été spontané même si, à l'époque, de nombreux observateurs eurent un doute.

Francois Mitterrand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984 à Douaumont
Francois Mitterrand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984 à Douaumont © MARCEL MOCHET, AFP/Archives

"Instinctivement"

François Mitterrand répondit lui-même à cette question dans une interview en 1992:

"Nous n'en avions pas parlé le moins du monde. Mais, nous trouvant debout devant le cercueil (…), instinctivement, je me souviens, je me suis tourné vers lui, je lui ai tendu la main. Sa main est venue en même temps".

Les jours suivants, la presse ouest-allemande souligna l'importance du "rendez-vous de Douaumont". "Allemands et Français se sont réconciliés: une photo qui va entrer dans l'histoire", résumait en une le journal financier Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Cette initiative faisait suite à l'étreinte, chargée d'émotion, du chancelier Konrad Adenauer et du général de Gaulle en 1963, lors de la signature du "Traité de l'Elysée" instaurant la coopération franco-allemande. Mais le geste de 1984 eut, pour beaucoup d'observateurs, une charge symbolique supérieure parce que, à Douaumont, les deux dirigeants prenaient à témoins les morts.

Jé. M. avec AFP