BFMTV
International

Migrants: un mini-sommet organisé à Malte pour pour résoudre l'impasse après les sauvetages en mer

Luciana Lamorgese, ministre de l'intérieur italienne, arrive à Malte pour un sommet sur les migrations méditerranéennes

Luciana Lamorgese, ministre de l'intérieur italienne, arrive à Malte pour un sommet sur les migrations méditerranéennes - Matthew Mirabelli / AFP

Huit pays européens ont déjà annoncé être prêts à prendre part "de manière active" à une répartition automatique des migrants arrivés par la mer.

Les ministres de l'Intérieur de cinq pays de l'UE - l'Allemagne, la France, l'Italie, Malte et la Finlande, qui assure la présidence tournante de l'UE - se réunissent ce lundi à Malte pour s'entendre sur une répartition automatique des migrants arrivés par la mer, un mécanisme réclamé par l'Italie pour mettre fin aux négociations au cas par cas à chaque sauvetage opéré en Méditerranée.

Ardemment réclamé par l'Italie, qui accuse ses partenaires de ne pas l'avoir soutenue face à l'afflux de migrants, le mécanisme de répartition se veut temporaire dans l'attente d'une renégociation du Réglement de Dublin.

Garantir "une organisation plus solidaire"

Ce dernier confie le traitement des demandes d'asile au pays d'arrivée. Cette règle est jugée injuste parce qu'elle fait reposer, pour de simples raisons géographiques, le fardeau de l'accueil sur l'Italie, la Grèce, l'Espagne ou Malte, principales portes d'entrée des migrants.

Soutenu par plusieurs pays, à commencer par Paris et Berlin et coordonné par la Commission européenne, le nouveau système doit "garantir à l'Italie ou à Malte une organisation plus solidaire et efficace", a déclaré le président français Emmanuel Macron, lors d'un déplacement à Rome mercredi. Paris et Rome défendront désormais au sein de l'UE "une position commune pour que tous les pays participent d'une façon ou d'une autre" à l'accueil, "ou bien soient pénalisés financièrement", selon Emmanuel Macron.

Un changement de politique de l'Italie

Avec l'arrivée du nouveau gouvernement formé par le Parti démocrate (gauche) et le Mouvement 5 Etoiles (antisystème), l'Italie a assoupli sa politique migratoire après une série de mesures anti-migrants prises par l'ancien ministre de l'Intérieur, le souverainiste Matteo Salvini.

Rome a en particulier rouvert ses ports aux navires de sauvetage en mer. Dimanche soir, l'Italie a autorisé le navire humanitaire Ocean Viking à débarquer à Messine, en Sicile, 182 migrants secourus en mer.

Les ONG SOS Mediterranée et Médecins Sans Frontières qui opèrent l'Ocean Viking ont salué cette décision mais ont jugé "urgent qu'un accord européen soit trouvé", trouvant "inacceptable que des personnes ayant survécu à une traversée très dangereuse soient bloqués pendant des jours voire des semaines avant qu'on ne leur trouve un port sûr".

Des points à éclaircir

Lors d'une réunion informelle en juin, une quinzaine de pays avaient donné leur accord à la création de ce "mécanisme de solidarité européen". Huit pays sont prêts à y prendre part "de manière active": la France, l'Allemagne, le Portugal, le Luxembourg, la Finlande, la Lituanie, la Croatie, l'Irlande. La répartition a vocation à être égale, mais la France et l'Allemagne accepteraient déjà d'accueillir chacune 25% des migrants secourus tandis que l'Italie en recevrait 10%.

Reste à éclaircir qui fera la sélection entre les éligibles au droit d'asile et les migrants dits "économiques" qui n'ont pas vocation à rester en Europe. Le pays d'arrivée à terre comme le souhaite la France, ou le pays de destination ?

Enfin, la notion de port sûr "le plus proche", prévue par le droit maritime international reste floue. L'Italie plaide pour une "rotation" des ports d'accueil, en incluant Marseille par exemple, pour soulager les pays du sud de l'Europe, mais la France se montre réticente. Depuis le début de l'année, seuls 13% des 67.000 migrants irréguliers arrivés en Europe ont débarqué en Italie ou à Malte, contre 57% en Grèce et 29% en Espagne.

J. G. avec AFP