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Le calvaire d'une adolescente, violée et torturée pendant 2 mois, provoque l'émoi au Maroc

La jeune fille a été séquestrée pendant près de deux mois.

La jeune fille a été séquestrée pendant près de deux mois. - Capture d'écran Youtube/Chouf TV

La jeune fille de 17 ans, qui a décidé de témoigner, a raconté avoir été séquestrée par un groupe d'hommes. Ses bourreaux l'ont notamment brûlée avec des cigarettes et tatouée de force.

Son témoignage a fait le tour du pays. Le 21 août dernier, une jeune Marocaine de 17 ans a témoigné à visage couvert sur la chaîne Chouf TV afin de raconter le calvaire qu'elle venait de vivre. Khadija Okkarou, originaire de la région de Beni Mellal, a confié avoir été kidnappée, violée et torturée pendant près de deux mois par un groupe d'hommes. Sur les images, on peut voir les brûlures de cigarettes et les tatouages, dont une croix gammée et des inscriptions graveleuses, que lui ont imposés ses bourreaux.

Depuis la diffusion de la vidéo, l'émoi s'est peu à peu emparé du pays et transparaît encore ce lundi sur les réseaux sociaux. Une pétition, destinée à fournir des soins et une aide psychologique à la jeune femme, recueille à ce jour près de 15.000 signatures et deux hashtags lancés sur Twitter et Facebook, #noussommestouskhadija et #JusticePourKhadija, sont devenus viraux.

12 personnes interpellées

Sur la vidéo, largement relayée dans la presse marocaine, Khadija Okkarou affirme avoir été enlevée il y a trois mois devant chez sa tante à Fkih ben Saleh dans le centre du pays, par des garçons connus pour appartenir à une "bande dangereuse".

"Ils m'ont séquestrée pendant près de deux mois, violée et torturée, (...) je ne leur pardonnerai jamais, ils m'ont détruite", dit-elle, en montrant sur son corps les traces des sévices qui lui ont été infligés. 

Selon son père, Mohamed Okkarou, trois de ses agresseurs, à propos desquels aucune information n'a filtrée, ont été arrêtés samedi. Il affirme également que la première audience du procès aura lieu le 6 septembre.

Elan de solidarité

Au total, 12 personnes ont été interpellées dans le cadre de cette affaire, a indiqué Naima Ouahli, membre de l'Association marocaine des droits humains à Beni Mellal, près de Fkih ben Saleh. La police et le parquet marocains n'étaient pas joignables dans l'immédiat pour commenter le cas de la jeune femme.

"Son état est stable, nous essayons de la soutenir, de lui assurer que justice lui sera rendue et de lui dire qu'elle n'y est pour rien (...). Nous sommes émus par l'élan de solidarité avec elle", a affirmé son père.

Un tatoueur tunisien touché par la détresse de la jeune femme a lancé sur Facebook un appel afin de joindre sa famille. Il a proposé de l'aider à se débarrasser de ses tatouages. Le 25 août, "Fawez le tatoueur" a annoncé être en contact avec le père de Khadija. 

Le sujet des viols de mineurs est d'autant plus sensible dans le royaume qu'il fait écho à de précédents faits divers ayant ému l'opinion.

De nombreux précédents

Fin 2015, une mineure de 16 ans s'était immolée par le feu après avoir été victime d'un viol collectif, ses agresseurs l'ayant fait chanter en la menaçant de diffuser des vidéos de son viol. Les prévenus avaient été remis en liberté provisoire avant leur procès, ce qui avait suscité un scandale. Huit personnes ont été condamnées à des peines allant de huit à 20 ans de prison.

Un des cas les plus célèbres de la cause féminine reste celui d'Amina Filali, une adolescente de 16 ans qui s'était elle aussi suicidée en 2012 après avoir été contrainte d'épouser son violeur. La mobilisation civile après sa mort avait débouché sur l'abrogation de l'article 475 du code pénal, qui permettait aux violeurs d'échapper à la prison en épousant leur victime.

Le nombre d'affaires de viols traitées par la justice marocaine a doublé en 2017, passant de 800 en moyenne à 1.600. Ce crime est doublement douloureux pour les victimes, souvent considérées comme les premières coupables par une société empreinte de valeurs traditionnelles.

Charlie Vandekerkhove avec AFP