La position russe en Syrie compromet une rencontre Hollande-Poutine à Paris

Vladimir Poutine accueillait François Hollande à Moscou le 26 novembre 2015. - STEPHANE DE SAKUTIN - AFP
Si François Hollande se demande encore s’il recevra ou non son homologue russe, Vladimir Poutine, à Paris, ce dernier semble préparer activement sa visite de la capitale française le 19 octobre prochain lors de l'inauguration du nouveau centre culturel russe. "Les préparatifs de la visite à venir de Poutine à Paris se poursuivent", vient ainsi d’affirmer le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Cette visite avait été annoncée par le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov il y a quelques jours. L’information avait aussitôt embarrassé la diplomatie française.
Le gouvernement français reproche de longue date à la Russie son aide au régime de Bachar al Assad en Syrie. Ces dernières semaines, les relations entre les deux pays sont devenues plus âpres encore: en cause, le soutien russe aux bombardements intensifs de la population civile à Alep par le pouvoir de Damas. Ce week-end, François Hollande a ainsi déclaré au Quotidien qu’il jugeait cette situation "inacceptable" et qu’en conséquence se posait "la question" de rencontrer Vladimir Poutine lors de son prochain passage à Paris.
Le veto décidé par la Russie (et le Venezuela) au Conseil de sécurité de l’ONU face à la résolution mise sur pied par la France proposant un cessez-le-feu en Syrie a, d’ailleurs, encore échauffé les esprits entre-temps.
François Hollande devrait se décider en fonction d'Alep
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a lui aussi réagi avec virulence à la position russe. Revenant d’abord sur son court séjour en Russie la semaine dernière, il a assuré sur France Inter avoir défendu la position de la France et le désaccord du gouvernement Valls avec la politique extérieure de la Russie au Moyen-Orient. Il a aussi dénoncé "l’isolement" du pays de ce pays selon Jean-Marc Ayrault.
Mais se pourrait-il vraiment que le président de la République ignore Vladimir Poutine le 19 octobre prochain? "La Russie est un pays-partenaire mais nous avons un profond désaccord avec elle. Et il faut le dire! Et si le président de la République décide que le président russe vient, ce ne sera pas pour des mondanités, ce sera pour dire des vérités."
Jean-Marc Ayrault accuse la Russie de crimes de guerre
Pour Jean-Marc Ayrault, il y a lieu de craindre les effets délétères de l’alliance du patron du Kremlin et de Bachar al Assad. Leur victoire pourrait même constituer un "renforcement du terrorisme que la France, touchée au cœur, ne peut pas accepter".
Pour contrarier l’action russe, Jean-Marc Ayrault a annoncé que la France envisageait la saisine de la Cour pénale internationale (CPI), instance qui a vocation à juger les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité, pour examiner les événements d’Alep et en sanctionner les responsables. "Qui a bombardé?, interrogé le ministre. A l’évidence, il y a les Syriens mais il y a surtout les Russes!" Le ton est donné.