La France condamnée pour le "traitement dégradant" d'un Afghan de 12 ans dans la jungle de Calais

Camps de réfugiés à proximité de l'ancienne jungle de Calais (Nord), le 18 février 2019. - Philippe Huguen - AFP
Manque d'eau, de nourriture, abri insalubre, exposition aux violences sexuelles... La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné jeudi la France pour avoir abandonné à son sort un Afghan de 12 ans lorsqu'il vivait sur le camp de "la lande" de Calais (Nord) en 2016.
La France condamnée pour "traitement dégradant"
Le jeune homme, parti d'Afghanistan un an plus tôt, a vécu "dans un environnement totalement inadapté à sa condition d’enfant, que ce soit en termes de sécurité, de logement, d’hygiène ou d’accès à la nourriture et aux soins, et dans une précarité inacceptable au regard de son jeune âge", a spécifié la CEDH, condamnant la France pour "traitement dégradant".
Dans leur arrêt, les juges dressent un portrait cauchemardesque des conditions de vie dans la "Jungle", nom officieux de ce campement de bric et de broc, au nord-est de Calais. Il a accueilli jusqu'à 10.000 migrants désireux d'entrer au Royaume-Uni avant d'être démantelé.
La Cour signale qu'elle a été informée qu'en plus des conditions difficiles d'existence, une vingtaine de mineurs ont déclaré "avoir été victimes de violences (...) des violences sexuelles, des violences physiques et des cas de prostitution, de traite et d’exploitation".
"Une violation des obligations pesant" sur la France
Rencontré lors d'une maraude en février 2016, J. "vivait à plusieurs dans une tente de fortune avec un accès très compliqué à l'hygiène et une grande insécurité", a raconté à l'AFP Solenne Lecomte, coprésidente de l'association La Cabane juridique à Calais. Elle a accompagné le jeune migrant dans ses démarches auprès de la Cour de Strasbourg.
Alors que la zone sud du campement était évacuée par les autorités, la tente du jeune homme a été détruite. Un juge des enfants avait ordonné sa mise à l'abri et J. s'était déclaré "favorable" à cette solution, note la CEDH. Mais cette décision n'a pas été exécutée et, quelques semaines plus tard, le jeune homme a définitivement quitté la France pour entrer clandestinement au Royaume-Uni où il a été recueilli par les services britanniques de l'aide à l'enfance, détaille la cour dans son arrêt.
Celle-ci "estime que ces circonstances particulièrement graves et l'inexécution de l'ordonnance du juge des enfants (...) constituent une violation des obligations pesant" sur la France.