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La Finlande officialise sa demande d'adhésion à l'Otan

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, et la Première ministre finlandaise Sanna Marin, le 25 octobre 2021

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, et la Première ministre finlandaise Sanna Marin, le 25 octobre 2021 - Jussi Nukari - Lehtikuva - AFP

En attendant la candidature de la Suède, Helsinki prend ses distances avec la diplomatie agressive de la Russie.

Le processus est lancé. La Finlande a annoncé ce dimanche sa candidature "historique" à l'Otan, avant une réunion décisive en Suède en vue d'une probable demande d'adhésion simultanée des deux pays, conséquence directe de l'invasion russe de l'Ukraine.

Le président finlandais et un conseil gouvernemental "ont conjointement décidé que la Finlande allait demander à devenir membre de l'Otan", a déclaré le chef de l'Etat Sauli Niinistö. "C'est un jour historique. Une nouvelle ère s'ouvre", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

Après la décision de l'exécutif, le Parlement finlandais doit examiner lundi le projet d'adhésion, avec un vote prévu selon le président de la chambre. Une majorité fleuve est déjà acquise.

Hostilité turque

Malgré une hostilité de dernière minute de la Turquie, les pays membres de l'Otan sont "sur la bonne voie" pour trouver un consensus sur l'intégration de la Finlande et de la Suède, a jugé le chef de la diplomatie croate Gordan Grlic Radman, dimanche, en marge d'une réunion des ministres de l'alliance à Berlin.

A Helsinki, le président Niinistö s'est lui dit "prêt à avoir une nouvelle discussion avec le président (turc) Erdogan sur les problèmes qu'il a soulevés".

La Turquie reproche aux deux pays, et à Stockholm particulièrement, de faire preuve d'une trop grande mansuétude vis-à-vis du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, bien qu'il soit sur la liste de l'UE des organisations terroristes.

La Suède doit suivre

En Suède, qui s'apprête également à annoncer sa décision, la direction du parti social-démocrate au pouvoir a entamé samedi matin une réunion décisive, où la formation dominante de la politique suédoise devrait abandonner sa ligne hostile à une adhésion.

En cas de feu vert du parti de la Première ministre Magdalena Andersson, la voie serait libre pour une annonce de candidature suédoise, après près de deux siècles de neutralité puis, depuis les années 1990, de non-alignement militaire.

Après la fin de la Guerre froide, la Suède et la Finlande étaient déjà devenues partenaires de l'Otan et membres de l'Union européenne. Mais une entrée dans l'Otan, inenvisageable politiquement il y a encore quelques mois, marque une intégration complète dans le bloc occidental.

Moscou très critique

Samedi, le président finlandais avait appelé son homologue russe Vladimir Poutine pour l'informer de la demande d'adhésion imminente, qui suscite l'hostilité de Moscou. Le président russe lui a signifié qu'adhérer à l'Otan "serait une erreur", jugeant qu'il "n'y a aucune menace à la sécurité de la Finlande", selon le Kremlin.

Les deux pays partagent une frontière de 1.300 kilomètres et un passé douloureux. Ancien grand duché russe, la Finlande avait été envahie par l'Union soviétique en 1939. La Finlande a été en guerre avec l'URSS pendant la majeure partie de la Seconde guerre mondiale, puis contrainte durant la Guerre froide à une neutralité forcée, sous le contrôle de Moscou.

Pour se protéger des conséquences d'une riposte russe, Helsinki s'est lancé dans la construction d'un terminal gazier avec l'Estonie ; Moscou a déjà coupé l'électricité au pays, évoquant des impayés.

Mais son président ne croit pas à une opération militaire. "Après mon appel avec Poutine, je le pense d'autant plus", a affirmé M. Niinistö, indiquant que la conversation n'avait donné lieu à aucune "menace". "Les Finlandais peuvent dormir tranquilles", a affirmé le ministre de la Défense Antti Kaikkonen.

Helsinki ne prévoit pas d'accueillir d'armes atomiques sur son sol. Dans sa déclaration de candidature, la Finlande prévoit également de poursuivre la démilitarisation de l'archipel des îles Åland en mer Baltique, conformément à un accord remontant à l'époque soviétique mais toujours respecté.

VG avec AFP