L'Arabie saoudite nomme une femme ambassadrice à Washington

La princesse Reema bint Bandar, nouvelle ambassadrice saoudienne à Washington, lors d'un forum à Ryad le 24 octobre 2018. - Fayez Nureldine - AFP
C'est une première: l'Arabie saoudite a nommé une femme au poste d'ambassadrice aux Etats-Unis. La princesse Reema bint Bandar va remplacer à Washington DC le prince Khaled ben Salmane, frère cadet du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, nommé ministre adjoint de la Défense. Elle sera la première femme à occuper ce poste-clé de la diplomatie saoudienne.
Elle n'est pas étrangère au milieu. La princesse Reema bint Bandar est la fille du prince Bandar ben Sultan, qui fut ambassadeur aux Etats-Unis de 1983 à 2005. Considérée comme une avocate des droits des femmes, elle a notamment fait campagne pour une participation accrue de ces dernières dans le sport saoudien.
"La princesse Rima sera la première ambassadrice de l'histoire saoudienne", a tweeté le fondateur de l'Arabia Foundation, un think-tank pro-saoudien, Ali Shihabi, estimant qu'il s'agit d'un "signal fort pour l'intégration des femmes dans le gouvernement et la force de travail" du royaume ultraconservateur.
Des relations diplomatiques ternies par l'assassinat de Jamal Khashoggi
Sa nomination intervient alors que l'image des dirigeants saoudiens a été profondément ternie par l'assassinat par un commando venu de Ryad du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.
L'affaire embarrasse l'administration américaine, soucieuse de préserver son alliance stratégique avec le royaume saoudien. Le Sénat américain a jugé que Mohammed ben Salmane, alias MBS, était "responsable" du meurtre de Khashoggi, qui collaborait notamment avec le Washington Post.
Mais Ryad a toujours nié catégoriquement l'implication du prince héritier, mettant en cause des responsables moins haut placés, présentés comme des éléments "incontrôlés" et actuellement devant la justice saoudienne.
"La nomination d'une nouvelle ambassadrice est une tentative de Ryad pour donner un nouveau départ à sa relation avec Washington et faire oublier l'affaire Khashoggi, même si dans la pratique cela n'arrivera probablement pas, au moins avec le Congrès", a expliqué à l'AFP Kristian Ulrichsen, chercheur à l'Institut Baker de la Rice University aux Etats-Unis.