Affaire Khashoggi: la version avancée par Ryad divise

"Crédible" pour le président américain, "troublante" pour le chef de l'ONU: la confirmation par l'Arabie saoudite de la mort du journaliste Jamal Khashoggi provoque émotion et interrogations. Le royaume a annoncé samedi matin que Khashoggi avait été tué à l'intérieur de son consulat à Istanbul lors d'une rixe.
A un journaliste qui lui demandait s'il jugeait cette version "crédible", le président américain, en déplacement dans l'Arizona, a répondu: "oui, oui".
"Encore une fois, il est tôt, nous n'avons pas fini notre évaluation ou enquête mais je pense qu'il s'agit d'un pas très important", a-t-il ajouté en allusion aux révélations saoudiennes.
Ménageant dans un premier temps le royaume sunnite au nom des intérêts stratégiques communs, Donald Trump avait admis pour la première fois jeudi que ce journaliste était très probablement mort, menaçant l'Arabie saoudite de "très graves" conséquences.
Après les révélations sur la mort de Jamal Khashoggi par Ryad, le 45e président des Etats-Unis a dit "préférer que nous n'utilisions pas, comme représailles, l'annulation de l'équivalent de 110 milliards de dollars de travail, ce qui veut dire 600.000 emplois", en allusion à des contrats militaires passés avec l'Arabie saoudite.
"Dire que je suis sceptique est un euphémisme"
Sarah Sanders, porte-parole de l'exécutif américain, a présenté les "condoléances les plus sincères" de la Maison Blanche, à la famille, la fiancée et les amis de Jamal Khashoggi.
Lindsey Graham, proche allié du président Trump était, lui, beaucoup plus circonspect à propos des circonstances de ce décès. "Dire que je suis sceptique sur la nouvelle version saoudienne sur M. Khashoggi est un euphémisme", a tweeté le sénateur. Une remise en cause claire de la version officielle de l'Arabie saoudite.
Bob Menendez, membre démocrate de la commission des Affaires étrangères au Sénat, a lui estimé que les Etats-Unis devaient sanctionner les Saoudiens impliqués. "Même si Khashoggi est mort en raison d'une altercation, rien n'excuse son meurtre", a-t-il tweeté. "C'est loin d'être la fin (de l'affaire) et il faut que nous maintenions la pression internationale".
L'ONU veut une "enquête rapide, approfondie et transparente"
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "profondément troublé par la confirmation de la mort de Jamal Khashoggi", selon un communiqué des Nations unies, et "souligne la nécessité d'une enquête rapide, approfondie et transparente sur les circonstances du décès".
Critique envers le prince héritier, Jamal Khashoggi vivait en exil aux Etats-Unis depuis 2017. Sa disparition, le 2 octobre dernier au consulat d'Istanbul, a suscité une crise internationale.