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Journalistes tués à Homs: des familles demandent des poursuites contre les commanditaires syriens

La ville de al-Qaryatain de la province de Homs en Syrie, le 4 avril 2016.

La ville de al-Qaryatain de la province de Homs en Syrie, le 4 avril 2016. - JOSEPH EID - AFP

Six ans après que deux reporters ont été tués à Homs, leurs proches demandent à la justice française de poursuivre les dignitaires syriens responsables de cette attaque "ciblée" visant à "dissuader les médias internationaux" de venir en zone rebelle.

Six ans après la mort de deux reporters dans un bombardement de l'armée syrienne à Homs, leurs proches et des rescapés, dont la journaliste Edith Bouvier, ont demandé ce lundi à la justice française de poursuivre les commanditaires de cette attaque "ciblée".

Attaque préméditée et ciblée

Le 22 février 2012, le photographe français Rémi Ochlik et la reporter de guerre américaine Marie Colvin avaient péri dans le bombardement d'un centre de presse clandestin du quartier rebelle de Baba Amr, à Homs (centre). L'opération, imputée au régime de Bachar al-Assad, avait fait trois blessés dont la journaliste indépendante française, travaillant pour le Figaro, Edith Bouvier.

Six ans après, "les éléments à disposition de la justice française ne laissent plus de doute sur le caractère prémédité et ciblé de l'attaque, ni sur l'identité de plusieurs de ses auteurs présumés, membres de la haute hiérarchie militaire et sécuritaire syrienne. Pourtant, la justice française n'a procédé à ce jour à aucune inculpation", déplore la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) dans un communiqué.

Mandats d'arrêts internationaux

L'ONG, les rescapés et les familles des journalistes tués réclament que des mandats d'arrêts internationaux "soient délivrés sans délai à l'encontre des présumés responsables", pour qu'ils soient entendus et mis en examen dans l'enquête ouverte en 2012 à Paris pour assassinats, et requalifiée en 2014 en crimes de guerre.

Selon la FIDH, les investigations ciblent le frère du président syrien et commandant de la 4e division blindée, Maher al-Assad, le chef des services secrets, Ali Mamluk, et l'ancien chef du comité militaire et de la sécurité à Homs, Rafik Shahada.

"Dissuader" les médias

De nombreux témoignages ont été recueillis par les juges d'instruction du pôle spécialisé "crimes de guerre" dont, récemment, celui d'un "témoin direct" des préparatifs, d'après l'ONG. Il "corrobore de matière particulièrement détaillée les précédentes informations et témoignages" sur cette opération, qui avait un but précis, selon la FIDH: "empêcher" les reporters "de témoigner de la sanglante reprise de Homs" et "dissuader" les médias internationaux de venir en zone rebelle.

D'après l'enquête, le régime a procédé à l'"interception des communications téléphoniques de Marie Colvin" et s'est appuyé sur "un informateur à proximité du centre de presse", selon la FIDH.

En sept ans, la guerre en Syrie a fait plus de 350.000 morts, selon le nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

M. F. avec AFP