Israël: Netanyahu appelle à des élections anticipées

Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, lors d'une cérémonie en hommage à ceux qui luttent contre le trafic d'êtres humains, le 2 décembre 2014. - Gali Tibbon - AFP
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a appelé mardi à des élections législatives anticipées en Israël après avoir limogé deux ministres importants, des centristes opposés à une partie de sa politique.
Benjamin Netanyahu a démis de leurs fonctions le ministre des Finances Yaïr Lapid, une figure du centre droit, et la ministre de la Justice Tzipi Livni, qui incarne le centre gauche. "Au cours des dernières semaines, M. Lapid et Mme Livni ont rudement attaqué le gouvernement que je dirige (...). Je ne tolérerai aucune opposition au sein de mon gouvernement", a déclaré dans un communiqué le Premier ministre qui, selon les experts, pourrait former à l'issue d'élections législatives anticipées un gouvernement plus à droite en s'alliant avec les partis nationalistes et religieux.
Il a déclaré vouloir une dissolution du Parlement "au plus vite" pour des élections anticipées qui pourraient se tenir début 2015.
Déjà en novembre dernier, Amir Peretz, le ministre de l'Environnement issu de la gauche travailliste avait annoncé sa démission du gouvernement.
Des élections en mars ou avril prochain
Selon la radio publique, un projet de loi de dissolution du Parlement qui sera présenté mercredi par l'opposition de gauche pourra être adopté avec le soutien d'une partie de la majorité actuelle, notamment du Likoud le parti de Benjamin Netanyahu. Au départ, l'opposition de gauche avait proposé cette dissolution dans l'espoir de faire tomber le gouvernement trois ans avant la fin de la législature.
Un gouvernement stable jusqu'aux élections anticipées
Si le projet est adopté par Knesset, des élections anticipées devraient avoir lieu en mars ou avril de l'an prochain alors que la législature actuelle n'arrive à expiration qu'en novembre 2017. Une coalition gouvernementale plus à droite pourrait rendre encore plus vains les efforts pour une reprise des négociations sur le processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis 2000 malgré des tentatives américaines de relance, dont la dernière a échoué au printemps.
Une fois la dissolution votée, la composition du gouvernement ne peut plus être modifiée et Benjamin Netanyahu se ménage ainsi un cabinet moins turbulent pour gérer les affaires courantes jusqu'aux élections anticipées.
La fin de la "guerre des chefs"
Pour les médias, une véritable "guerre des chefs" se jouait au gouvernement entre MM. Netanyahu et Lapid, chef de Yesh Atid, formation de centre-droit devenue le premier parti avec 19 députés depuis que le Likoud (18 députés) s'est séparé d'Israël Beiteinou (13 députés), la formation ultranationaliste du chef de la diplomatie Avigdor Lieberman.
Lundi soir, Benjamin Netanyahu avait présenté à Yaïr Lapid cinq exigences pour sauver le gouvernement, parmi lesquelles le retrait de son projet de suppression de la TVA sur les achats immobiliers, la fin des critiques sur la colonisation israélienne à Jérusalem-Est annexée, qui suscitent des levées de boucliers à l'étranger, et le soutien au projet de loi sur l'Etat "juif". Yaïr Lapid a rejeté cet ultimatum et accusé Benjamin Netanyahu "d'irresponsabilité" en poussant "à des élections superflues".
Le Likoud est pour le moment crédité de 23 sièges. En chute par rapport à juillet où, en pleine guerre de Gaza, les sondages lui allouaient 31 sièges. Pour former une majorité, Benjamin Netanyahu a d'ores et déjà contacté les partis ultra-orthodoxes, relégués dans l'opposition alors qu'il les considère comme des "alliés naturels du Likoud", selon les médias. Le Foyer Juif, le parti nationaliste religieux et fervent partisan de la colonisation du ministre de l'Economie Naftali Bennett (12 députés), est présenté comme la formation qui devrait connaître la plus forte progression aux prochaines législatives.