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Irak: Maliki, sous la pression internationale, lâche finalement le pouvoir

Nouri al-Maliki, après quatre jours de contestation, a finalement lâché son poste de Premier ministre en Irak.

Nouri al-Maliki, après quatre jours de contestation, a finalement lâché son poste de Premier ministre en Irak. - Ahmad Al-Rubaye - AFP

Quatre jours après la nomination de Haïdar al-Abadi pour le remplacer au poste de Premier ministre, le très contesté Nouri al-Maliki a finalement décidé de céder le pouvoir.

Il renonce. Le Premier ministre irakien sortant, Nouri al-Maliki, a finalement accepté de céder le pouvoir, sous la pression d'une communauté internationale, soucieuse de voir installer un nouveau pouvoir capable de faire face à l'offensive jihadiste, et à la crise humanitaire qu'elle a engendrée.

Après avoir passé quatre jours à contester la nomination de Haïdar al-Abadi, Nouri al-Maliki a décidé, jeudi soir, de renoncer à briguer un troisième mandat, ayant été lâché par ses alliés américain et iranien, dont des membres de son propre bloc chiite et de la plus haute autorité religieuse chiite du pays.

Une personnalité très contestée

"J'annonce devant vous le retrait de ma candidature au profit du frère Haïdar al-Abadi", a-t-il déclaré dans une allocution télévisée, avec à ses côtés le nouveau Premier ministre, un membre de son propre parti Dawa. L’ancien chef du gouvernement, Maliki, a ainsi expliqué qu'il cherchait à "faciliter la formation d'un nouveau cabinet", non sans avoir défendu son bilan de huit ans au pouvoir.

Mais ses détracteurs comme ses ex-alliés l'ont accusé d'avoir alimenté le chaos, surtout la montée en force des jihadistes sunnites, en menant une politique autoritaire excluant la minorité sunnite dans un pays majoritairement chiite.

Dans leur offensive, les jihadistes ont pris le contrôle d'une grande partie des bastions sunnites, parfois avec le soutien d'éléments radicalisés de la communauté sunnite qui avait dirigé l'Irak pendant des décennies, avant le renversement du président Saddam Hussein, dans la foulée de l'invasion américaine en 2003.

"Un grand pas en avant" pour l’ONU, les Irakiens méfiants

La décision de Nouri Al-Maliki a été qualifiée de "grand pas en avant" par les Etats-Unis et de "pas historique" par l'ONU. Elle a été aussi saluée en Irak, même si les Irakiens restent sceptiques. Son départ est "un pas positif pour mettre fin à la crise", a déclaré Salah Abou al-Qassem, un habitant de Bagdad, avant de nuancer, en ajoutant que Messieurs Abadi et Maliki étaient "tous deux de la même école".

Pour Mohammed Majid, 53 ans, un sunnite de la ville de Samarra au nord de Bagdad, "changer de gouvernement ne sera pas une solution pour l'Irak. Nous, les sunnites, avons été marginalisés pendant 10 ans par le parti Dawa".

Plusieurs rendez-vous diplomatiques, des sanctions à venir

En parallèle, pour aider à freiner l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique (EI) dans le nord du pays, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne étaient réunis, ce vendredi à Bruxelles, pour renforcer le soutien militaire aux combattants kurdes.

Le Conseil de sécurité de l'ONU devait, pour sa part, voter des mesures visant à couper les vivres en hommes et en argent aux jihadistes en Irak et en Syrie voisine en proie à la guerre civile et où l'EI occupe également plusieurs régions.

Après l'affirmation par Washington que ses frappes sur les positions jihadistes avaient sauvé la vie aux déplacés Yazidis, les organisations humanitaires mesuraient l'étendue du désastre provoqué par la fuite de centaines de milliers d'Irakiens de leurs maisons devant la progression des jihadistes.

Même avec le départ du très contesté Maliki, de nombreux observateurs craignent que les changements nécessaires pour concilier les différentes forces politiques dans un pays miné par les divisions confessionnelles ne soient pas opérés.

Jé. M., avec AFP