Hong Kong: nouveaux heurts entre manifestants et policiers

La police a chargé sur les manifestants à Hong Kong dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre. - Dale de la Rey - AFP
Les affrontements ont repris. La police de Hong Kong a repoussé, lundi, par la force les militants prodémocratie qui tentaient d'encercler le siège du pouvoir dans l'ex-colonie britannique. Des heurts violents, après plus de deux mois de manifestations, qui se sont soldés par une quarantaine d'arrestations.
Les manifestants, en proie à un accès de fièvre dans la nuit de dimanche à lundi, ont tenté le tout pour le tout en s'attaquant au siège du pouvoir de ce territoire passé sous tutelle chinoise. Parapluies en main et casques sur la tête, ils hurlaient: "Encerclez le siège du gouvernement, paralysez le gouvernement!".
Gaz au poivre contre jets de casques
En quelques minutes, des policiers armés de bâtons et de gaz au poivre ont tenté de les arrêter. "Dans une situation où ils n'avaient pas d'autres choix, les policiers ont fait un usage minimal de la force en aspergeant (les manifestants) d'eau, de gaz au poivre et de bâtons", a assuré un haut gradé de la police, Tsui Wai-hung.
Les autorités n'ont pas hésité à charger sur les manifestants, entraînant de nouveaux affrontements. Conséquence: des visages ensanglantés et de nombreux blessés, chez les manifestants, comme chez les policiers, cibles de jets de casques.
Colère et découragement
A Admiralty, près du siège du pouvoir, où se trouve le principal site occupé par les manifestants, la colère laissait place au découragement. "Je suis énervé mais il n'y a rien à faire", affirmait Justin Yan, jeune comptable de 22 ans. "Ils sont censés protéger les citoyens, pas nous (faire du mal). Nous n'avons plus confiance en eux".
Peu à peu, la popularité du mouvement amorcé fin septembre s'érode. Le 28 septembre, les manifestants étaient descendus dans les rues par dizaines de milliers. Depuis, leurs rangs ont fondu. Le mouvement se heurte à la lassitude des sept millions d'habitants, excédés par les embouteillages monstres. Mais les militants prodémocratie occupent toujours, outre Admiralty, un site plus petit à Causeway Bay, quartier ultra-commerçant couru des Chinois du continent.
Un mouvement érodé
La semaine dernière, la police a évacué un troisième campement, celui de Mongkok, dans la partie continentale de Hong Kong. Près de 150 personnes avaient été interpellées, dont les leaders étudiants Joshua Wong et Lester Shum. Les protestataires redoutent désormais que les autorités ne réservent le même sort au site d'Admiralty, où des centaines de tentes sont installées sur ce qui était jusqu'à récemment une autoroute urbaine à neuf voies.
La situation restait volatile lundi matin. De nouveaux heurts se sont produits entre policiers et manifestants dans un centre commercial près d'Admiralty. Une personne a été évacuée sur un brancard. Le Conseil législatif a suspendu ses travaux.
L'ancienne colonie britannique connaît sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à Pékin, en 1997. Ses habitants bénéficient de droits inconnus sur le continent, comme la liberté d'expression ou le droit de manifester. Mais ces libertés semblent menacées. Pékin a approuvé le principe "une voix, un vote" pour la prochaine élection du chef de l'exécutif, en 2017. Un pas jugé insuffisant par les manifestants, qui condamnent le choix de réservé à un comité de grands électeurs majoritairement favorable au Parti communiste chinois le soin de présélectionner les candidats.