Géorgie: un recomptage partiel des votes organisé après des accusations de fraude électorale

Des partisans de l’opposition géorgienne se rassemblent pour protester contre les résultats des élections législatives qui ont montré une victoire du parti au pouvoir, Rêve géorgien, devant le bâtiment du Parlement dans le centre de Tbilissi, le 28 octobre 2024. (Photo d'illustration) - Vano SHLAMOV / AFP
Ce mardi 29 octobre, le dirigeant hongrois Viktor Orban, proche de Vladimir Poutine et voix discordante au sein de l'Union européenne, est venu soutenir le régime en place en Géorgie, accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire pro-russe. En effet, depuis samedi dernier et les résultats des élections législatives géorgiennes, l'opposition pro-européenne accuse de fraudes le parti au pouvoir ayant revendiqué la victoire.
L'Union européenne, les États-Unis et des observateurs internationaux dénoncent eux aussi depuis ce week-end des "pressions" lors du scrutin. L'opposition juge ainsi l'élection "volée" et refuse de reconnaître les résultats.
Bruxelles et Washington avaient explicitement demandé à Tbilissi d'ouvrir des enquêtes sur ces allégations d'"irrégularités significatives". Dans ce contexte, un nouveau comptage partiel des voix doit être organisé ce mardi.
Les autorités géorgiennes "vont mener un recomptage des voix dans cinq bureaux de vote choisis au hasard dans chaque circonscription", a annoncé la Commission électorale. D'après des résultats quasi définitifs, Rêve géorgien est crédité de 53,92% des voix, contre 37,78% pour la coalition d'opposition.
Viktor Orban à Tbilissi en soutien au régime en place
Cette annonce intervient au moment où le dirigeant hongrois Viktor Orban entame, ce mardi 29 octobre, sa deuxième journée de visite officielle à Tbilissi pour afficher son soutien au gouvernement, un pied de nez à l'UE dont la Hongrie assure actuellement la présidence tournante.

Mardi matin, Viktor Orban s'est félicité de la victoire de Rêve géorgien lors d'élections qu'il a qualifiées de "libres et démocratiques".
Je vous "félicite d'avoir voté pour la paix" et de "ne pas avoir permis que votre pays devienne une seconde Ukraine", s'est réjoui Viktor Orban, seul dirigeant de l'UE à saluer les résultats. "Si les libéraux avaient gagné", Bruxelles "dirait que c'est démocratique", a-t-il lancé, provocateur. Samedi, il avait évoqué une "écrasante victoire" du parti au pouvoir.
Ce déplacement inattendu a déclenché la colère de plusieurs chancelleries européennes et de Bruxelles. Viktor Orban "ne représente pas l'Union européenne", avait taclé lundi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell.
De leur côté, les ministres des Affaires étrangères de 13 Etats membres de l'UE, dont la France, l'Allemagne et la Pologne, ont "critiqué" dans un communiqué le déplacement "prématuré" du chef du gouvernement hongrois.
À l'appel de l'opposition et de la présidente géorgienne pro-européenne Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, des dizaines de milliers de Géorgiens avaient manifesté lundi soir à Tbilissi dans le calme, pour dénoncer le résultat des législatives.
"Comptez nos votes"
Sur les notes de l'hymne de l'UE, des manifestants ont brandi des drapeaux géorgiens, européens et parfois ukrainiens, ont constaté des journalistes de l'AFP. Dans un entretien à l'AFP, Salomé Zourabichvili avait dénoncé quelques heures plus tôt des méthodes de fraudes "sophistiquées", similaires, selon elle, à ce qui est pratiqué en Russie. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a lui rejeté des "accusations infondées" et réfuté toute ingérence de son pays dans le processus électoral.

Rêve géorgien est accusé par ses opposants d'orienter le pays vers Moscou, et de s'éloigner de l'objectif, inscrit dans la Constitution, de rejoindre l'UE et l'Otan.
Face à la polémique naissante, le Premier ministre, Irakli Kobakhidzé, a toutefois assuré lundi que la "principale priorité" de Tbilissi restait "l'intégration européenne" et dit "s'attendre à un redémarrage des relations" avec Bruxelles, après les tensions des derniers mois.
Bruxelles avait gelé au printemps le processus d'adhésion à l'UE à la suite de la promulgation d'une loi controversée sur "l'influence étrangère", inspirée d'une législation russe utilisée par le Kremlin pour écraser la société civile.
Les États-Unis ont, pour leur part, adopté des sanctions contre des responsables géorgiens pour leur "répression brutale" lors des manifestations qui s'en étaient suivies.