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Fonte des glaces: la Russie découvre cinq nouvelles îles dans l'Arctique

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - AFP PHOTO / RUSSIAN ARCTIC NATIONAL PARK

Mardi, la flotte russe a annoncé avoir découvert cinq îles nouvelles, apparues avec la fonte des glaces, dans l'Arctique. Cette trouvaille a des airs d'aubaine pour la Russie.

Lugubre signe sur le front de l'écologie, mais bonne surprise pour les intérêts russes. Mardi, la marine de la Fédération de Russie a annoncé, par la voix du vice-amiral Alexander Moseïev confirmant une communication faite en août par le ministère de la Défense, la découverte de cinq nouvelles îles dans le cercle arctique, au large de l'archipel de la Nouvelle-Zemble. 

La réussite d'une étudiante 

L'officier a expliqué lors de cette même conférence de presse les conditions qui ont permis à ces îles d'apparaître sur les cartes des hommes: "La fonte de la glace, son effondrement et des changements de températures ont conduit à leur découverte". La communauté scientifique mobilisée dans ce dossier estime que ces archipels sont sortis de leur gangue d'eau et de glace autour de l'année 2014. 

C'est en 2016 qu'elles ont commencé à attirer l'œil, comme le note ici Science Alert, lorsque Marina Migunova, étudiante en ingénierie, a aperçu des bandes de terre inattendues sur une imagerie satellite. Et on ne parle pas de confettis: certes, l'île la plus exiguë s'étend sur seulement 900 mètres carrés mais la plus vaste atteint les 54.500 mètres carrés. 

Jusqu'à quand? 

L'expédition, échafaudée par la flotte septentrionale russe, constituée d'une soixantaine de personnes, selon l'Agence France Presse, dont des scientifiques, a appareillé en août et a mouillé jusque dans le cours du mois de septembre dans les ondes de l'Arctique. Alexei Kornis, capitaine et membre du service hydrographique de l'expédition, a assuré que des formes de vie diverses colonisaient déjà les îles. On peut y voir des algues, des végétaux, des oiseaux et il semble qu'ours et phoques s'y livrent déjà de féroces batailles.

Cependant, ce charmant tableau pourrait bien ne pas durer. Un glaciologue, emmené à bord, a déclaré que ces langues de terre étaient susceptibles de replonger, à peine dégagées, peut-être dans la décennie à venir. En effet, ces territoires sont peu stables du fait même de la fonte du glacier qui leur a permis de pointer leur relief au dehors. 

A bord d'un remorqueur 

Les trouvailles russes ne se sont pas arrêtées là. En chemin, les marins ont repéré une autre île dans un détroit formé, par la liquéfaction des glaces, du côté de l'archipel François-Joseph. Auparavant, on la croyait une péninsule rattachée à celui-ci. 

Le réchauffement climatique est le facteur qui a permis à la flotte de s'aventurer sur des voies jusqu'ici inaccessibles et d'embarquer, par ailleurs, sur un remorqueur et non à bord d'un brise-glace. 

"Aubaine" marchande et technologique 

Ce nouveau visage de l'Arctique, remodelé par cette chaleur inédite, a quelque chose d'avenant aux yeux du gouvernement russe. Tout d'abord, il l'autorise à rêver à la création d'une voie commerciale dans ces parages. Interrogé par France Inter, Thierry Garcin, auteur de Géopolitique de l'Arctique, a développé:

"C'est une aubaine parce que ça permet d'utiliser plus longtemps, au cours de l'année, le passage du Nord, c'est à dire ce passage le long de toutes les côtes arctiques de la Russie, qui permet de faire passer un bateau marchand, ou autre, de l'Atlantique au Pacifique, et du Pacifique à l'Atlantique."

Le Kremlin vise aussi un bénéfice militaire. "Les Russes militarisent et tout au long de leur passage, ils mettent des installations ou ils réutilisent des bases", a rappelé le spécialiste à la radio tout en ajoutant qu'il ne s'agissait pas de préparer des activités guerrières mais de mener la bataille technologique:

"Les dispositifs de haute technologie comme les radars, les missiles, ont leur place dans la mesure où c'est beaucoup plus facile de travailler dans l'espace depuis le pôle, en l'occurrence l'Arctique, parce que l'atmosphère y est beaucoup moins épaisse par rapport à l'Équateur."
Robin Verner