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Ursula von der Leyen échappe à la motion de censure de l’extrême droite et à celle de la gauche radicale

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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a échappé ce jeudi 9 octobre à deux motions de censure, l’une portée par l’extrême droite, l’autre par la gauche radicale. La première a recueilli 179 voix favorables, la seconde 133, bien en deçà de la majorité requise au sein du Parlement européen.

Ursula von der Leyen a de nouveau échappé largement à la censure ce jeudi 9 octobre, se félicitant du "fort soutien" du Parlement européen, même si les critiques persistent contre la présidente de la Commission.

Les eurodéputés, réunis en session plénière à Strasbourg ont nettement rejeté deux motions de censure, l'une venant de l'extrême droite, l'autre de la gauche radicale. La première, présentée par Les Patriotes pour l'Europe (Pfe), groupe présidé par le Français Jordan Bardella, a récolté 179 voix en sa faveur, 378 voix contre et 37 abstentions.

Fracture au sein de la droite, la gauche divisée

Changeant de cap, quatre eurodéputés français de droite dont le vice-président des Républicains François-Xavier Bellamy ont allié leurs voix à l'extrême droite, seuls parlementaires de la droite européenne (PPE) à faire ce choix.

Interrogé par l'AFP, François-Xavier Bellamy a expliqué avoir voulu marquer son opposition à l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, pour ne pas "être en contradiction avec les engagements pris pendant notre campagne, et le combat que nous menons sans relâche en particulier pour protéger nos agriculteurs".

La seconde motion, venant du groupe de La Gauche, co-présidé par la Française Manon Aubry, a recueilli seulement 133 voix pour, avec un nombre plus élevé de parlementaires s'y opposant (383 voix contre) et 78 abstentions. Cette faible mobilisation en faveur de la motion de gauche a suscité l’ire de Manon Aubry sur le réseau social X.

"Seulement 3% des socialistes européens, dont aucun Français, ont voté pour notre motion de censure contre Ursula von der Leyen", a déploré Manon Aubry.

En comparaison, 30% des Verts et seulement 10 % des élus du groupe Patriotes pour l’Europe l’ont appuyée.

Von der Leyen salue le "fort soutien" du Parlement

Après ces résultats, meilleurs que ce que l'exécutif redoutait, Ursula von der Leyen s'est réjouie du "fort soutien" du Parlement dans un message publié sur le réseau social X.

Elle conforte ainsi sa coalition entre sociaux-démocrates, centre (Renew) et la droite (PPE), même si le camp dit pro-européen exprime lui aussi ses critiques.

"La majorité fonctionne mal"

Les votes de ce jeudi avaient un air de déjà-vu pour Ursula von der Leyen, après une motion de censure en juillet initiée par un eurodéputé roumain d'extrême droite, Gheorghe Piperea (ECR). Cette motion avait été soutenue par 175 eurodéputés, surtout d'extrême droite, avec une douzaine de parlementaires de la gauche radicale. Elle avait été rejetée par 360 voix.

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Depuis juillet, "on ne peut pas dire qu'on ait réellement fait de progrès dans ce Parlement. La majorité pro-européenne qui vous a élue fonctionne mal, toujours aussi mal", a déploré la cheffe des centristes Valérie Hayer lors d'un débat lundi dans l'hémicycle.

La gauche et le centre reprochent à Ursula von der Leyen, et plus largement à la droite dont elle est issue, de cultiver l'ambiguïté avec l'extrême droite et de détricoter les lois environnementales.

"Vous devez choisir entre vos alliés et ceux qui ne sont pas nos amis", lui a lancé lundi la présidente des sociaux-démocrates Iratxe Garcia.

Malgré des critiques, députés de droite, sociaux-démocrates et centristes continuent de soutenir largement Ursula von der Leyen. Les Français Jordan Bardella (Patriotes pour l'Europe) et Manon Aubry (La Gauche) l'avaient eux appelée à partir.

Tirs croisés de Bardella et Aubry, von der Leyen tempère

Lundi, Manon Aubry l'a accusée d'"inaction" face au "génocide" à Gaza, tandis que Jordan Bardella a dénoncé une "fuite en avant migratoire" de l'UE et une "reddition commerciale" dans l'accord avec Donald Trump. Dans un message publié jeudi, il a élargi ses accusations à une "fuite bureaucratique et financière".

"L’Europe n’est pas une machine administrative, c’est une civilisation. Et une civilisation ne se gouverne pas par des normes, mais avec le consentement des peuples libres et des Nations qui la composent", a-t-il affirmé.

Ursula von der Leyen a répondu à ces attaques avec un ton plus conciliant qu'en juillet, lorsqu'elle avait taxé les initiateurs de la motion de censure "d'extrémistes", "antivaccins" et admirateurs "de Poutine". Elle a appelé à l'unité et averti que toute division serait "exploitée" par les adversaires de l'Union européenne, mentionnant la Russie.

Une motion de censure peut être présentée par un dixième des eurodéputés, soit 72 parlementaires. Pour être adoptée, elle doit recueillir la majorité des deux tiers des suffrages exprimés, représentant la majorité des eurodéputés. Le Parlement européen n'a jamais renversé une Commission. 

Avec un cas particulier en 1999: avant un vote perdu d'avance, la Commission européenne de l'époque, présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, avait démissionné à la suite d'un rapport accablant sur sa "lourde responsabilité" dans des affaires de fraude.

A.Si. avec AFP