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Union européenne

Pour contrer l'influence chinoise en Afrique, l'UE veut muscler ses investissements dans les pays du sud pour atteindre les "400 milliards d'euros d'ici 2027"

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et Li Qiang, le Premier ministre chinois, à Pékin le 24 juillet 2025.

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et Li Qiang, le Premier ministre chinois, à Pékin le 24 juillet 2025. - ANDRES MARTINEZ CASARES / POOL / AFP

La réponse de l'UE aux "routes de la soie" lancées par la Chine a déjà permis de mobiliser 306 milliards d'euros, publics et privés, selon Ursula von der Leyen. Cette dernière veut désormais aller plus loin.

L'Union européenne veut muscler les investissements des entreprises dans les pays du Sud, dans le cadre de sa stratégie "Global gateway" (Passerelle globale) lancée en 2021 pour contrer l'influence chinoise en Afrique, a-t-elle annoncé jeudi 9 octobre. Cette initiative visait à mobiliser jusqu'à 300 milliards d'euros de fonds publics et privés d'ici à 2027 pour financer des projets d'infrastructure à travers le monde, en réponse notamment à l'initiative chinoise des "Nouvelles routes de la soie".

Un objectif qui a d'ores et déjà été dépassé, s'est félicitée jeudi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en accueillant à Bruxelles une douzaine de dirigeants de pays du Sud, et les représentants de plus de 150 grandes entreprises européenne.

"En quatre ans, nous avons déjà mobilisé plus de 306 milliards d'euros" via Global Gateway, "et je suis convaincue que nous dépasserons les 400 milliards d'euros d'ici à 2027", a-t-elle lancé, en annonçant la création d'une plateforme centralisée pour encourager l'implication des entreprises.

En outre, dans un monde où les barrières douanières se multiplient et deviennent "un outil géopolitique", elle a présenté l'UE comme un partenaire international fiable, qui noue avec les pays tiers des accords "basés sur des intérêts communs et le respect de la souveraineté".

Critiques des ONG

À l'inverse, pour certains États, "les contrôles à l'exportation sont devenus un instrument politique, un moyen de nuire à la concurrence et d'arracher des concessions", et certains "investissements étrangers non viables" génèrent "des niveaux d'endettement insoutenables dans un trop grand nombre de pays", a-t-elle lancé.

Une allusion à peine voilée aux politiques commerciales des États-Unis et de la Chine. Plusieurs participants au forum ont salué la volonté d'accroître la mobilisation des entreprises européennes.

"Dès que je suis entré dans la salle, j'ai senti l'odeur de l'argent", a même plaisanté le président sud-africain, Cyril Ramaphosa.

Mais la stratégie de l'UE est critiquée par certaines ONG. "Le budget de l'aide au développement est utilisé de plus en plus pour favoriser les entreprises européennes et des intérêts géopolitiques", au détriment des populations locales ou des objectifs climatiques, a estimé Frank Vanaerschot, directeur du collectif d'associations Counter Balance.

P.La. avec AFP