"Le safari humain de Kherson": l'enquête de BFMTV sur les attaques des drones russes sur les civils en Ukraine

C'est une traque aérienne permanente qui pèse sur les civils de la ville de Kherson dans le sud de l'Ukraine. Depuis six mois, les drones russes rodent dans le ciel de la ville et traquent tous ceux qui osent arpenter une zone désormais désertée, sans distinction.
BFMTV a enquêté sur ce que les locaux appellent cyniquement "le safari humain de Kherson", ayant fait au moins 120 morts chez des civils et plus de 1.000 blessés selon les autorités locales. Des attaques qui s'apparentent à des crimes de guerre perpétrés par l'armée russe.
"Ils veulent nous terroriser"
Oleksandr, l'une des victimes de ces attaques aériennes, prend la parole le bras dans le plâtre, après avoir été "transpercé par des éclats" dans l'une de ces attaques. "Ils voient des voitures ou des civils et ils attaquent tout simplement. Ils veulent nous terroriser", raconte-t-il.
Dans l'hôpital, les histoires se recoupent et se ressemblent. "La plupart des civils blessés amenés ici ont été attaqués par ces drones alors qu'ils attendaient le bus, ou dans la rue. Ils reçoivent de nombreux éclats de shrapnels", partage Svetlana, une médecin de la ville du sud de l'Ukraine.
Genady, un ouvrier du bâtiment, a été pris pour cible alors qu'il s'affairait à réparer le toit d'un bâtiment. "On l'a vu au dernier moment, il est apparu de nulle part, sans un bruit. Je me suis tourné et je l'ai vu foncer sur nous, ça s'est passé en une seconde, je n'ai rien pu faire", déplore l'ouvrier blessé.
Des civils qui servent d'entraînement?
Des habitants inquiets ont fui. D'autres vivent cloîtrés chez eux. Les rares personnes qui osent prendre la route en voiture sont incitées par les autorités à conduire vite et changer de trajectoire pour perturber les drones.
Ernest, un chauffeur de taxi, raconte avoir dû investir dans un détecteur de drone pour pouvoir rapidement "se cacher" lorsqu'il est pris en chasse. Son intime conviction: la traque des civils est un entraînement des soldats russes à l'usage de drones, avant d'aller sur la ligne de front.
"Ils ont beaucoup de nouveaux pilotes de drones et ils doivent bien être entraînés quelque part. Kherson pour eux, c'est parfait, on est juste séparés par une rivière et nos soldats ne peuvent pas aller les attaquer de l'autre côté", affirme Ernest.
Aurait-il raison? Les soldats russes livrent eux même des vidéos de leurs crimes dans des boucles Telegram. Aux yeux du droit international, les attaques ciblant délibèrement les civils sont considérées comme des crimes de guerre.