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L'Ukraine en difficulté face à la Russie? Un général de l'armée américaine ne voit pas Kiev "perdre ce conflit"

Le général Christopher Cavoli, chef du commandement américain en Europe, auditionné au Sénat américain le 3 avril 2025

Le général Christopher Cavoli, chef du commandement américain en Europe, auditionné au Sénat américain le 3 avril 2025 - Brendan SMIALOWSKI / AFP

Le général Christopher Cavoli, chef du commandement américain en Europe, estime que l'armée ukrainienne est à la date du 3 avril en "bien meilleure position qu'elle ne l'était". Le militaire écarte le risque d'un effondrement de Kiev, qui reste malgré tout "dépendante" de l'aide américaine.

Des nouvelles du front rassurantes pour l'Ukraine? Fin mars, Vladimir Poutine affirmait que l'armée russe avait "l'initiative stratégique" sur "toute la ligne de front". "Il y a des raisons qui portent à croire que nous allons les achever", avait-il même assuré. Un avis remis en cause, une semaine plus tard, par un haut-gradé de l'armée américaine qui a indiqué ce jeudi 3 avril que l'armée ukrainienne continuait de tenir tête à l'armée russe, dont la progression ralentit sur le front de l'est.

"Il est très difficile d'envisager que l'Ukraine s'effondre et perde ce conflit", a déclaré Christopher Cavoli, chef du commandement américain en Europe, lors d'une audition au Sénat où il était interrogé sur une potentielle défaite ukrainienne.

"Je ne pense pas que la perte de l'Ukraine soit inévitable. Ils sont en bien meilleure position qu'ils ne l'étaient", a ajouté le militaire, pour qui Kiev a établi des "positions défensives très solides".

Kiev "indéniablement dépendante" des États-Unis

Selon Christopher Cavoli, les Ukrainiens ont "résolu certains de leurs problèmes d'effectifs, si aigus à l'automne dernier" en augmentant "le nombre de personnes mobilisables". Ils ont aussi "diversifié" leurs sources d'approvisionnement en armes.

Malgré ces progrès, Kiev "dépend indéniablement de notre aide", souligne le général américain, questionné sur l'impact qu'aurait une nouvelle pause dans l'aide militaire américaine à l'Ukraine - et en termes de partage de renseignements - comme celle imposée début mars par le président Donald Trump.

"De toute évidence, cela aurait un effet rapide et nocif sur leur capacité à se battre", a-t-il observé, remarquant que l'armée ukrainienne avait besoin de Washington pour détruire les missiles russes et localiser les postes de commandement et les cibles logistiques russes à frapper.

L'armée ukrainienne toujours présente en Russie

Christopher Cavoli est également revenu sur la situation dans la région russe de Koursk, envahie par Kiev à l'été 2024 mais très largement repassée sous contrôle de l'armée russe depuis.

Selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), Kiev ne contrôle plus qu'une poche de 80 km2 en Russie, contre 1.300 km2 au pic de son offensive en août 2024. Le mois de mars a été marqué par une accélération de la contre-offensive russe, qui a réduit de 80% en un mois la zone contrôlée par l'Ukraine.

Malgré ce repli, l'armée ukrainienne détient toujours "une part importante – certes réduite, mais néanmoins importante – de terrain" en Russie, a assuré Christopher Cavoli. Le général a également confirmé une incursion ukrainienne au sud de la ville russe de Belgorod, où les soldats "tiennent un très bon terrain défensif".

L'avancée russe ralentit

De l'autre côté du front, "les Russes semblent souffrir d'un manque de véhicules blindés et d'effectifs", a souligné le général Cavoli. "Ils ont perdu plus de 4.000 chars, soit presque l'équivalent des réserves américaines", a-t-il détaillé, évoquant l'ampleur "impressionnante du conflit".

La progression des forces russes en Ukraine a ralenti en mars pour le 4e mois consécutif, selon les données de l'ISW. En Ukraine, les forces russes ont pris près de 150 km2 de moins en mars qu'en février.

Malgré ces ralentissements, les 12 derniers mois ont été marqués par une progression de l'armée russe en Ukraine, alors que les Ukrainiens ne parviennent pas à regagner de terrain. D'avril 2024 à mars 2025, les Ukrainiens n’ont repris que 77 km2, quand les Russes ont conquis 4.772 km2. Les forces russes ont donc pris 4.695 km2 net, soit 0,78% du territoire ukrainien incluant la Crimée et le Donbass.

D'avril 2023 à mars 2024, les Ukrainiens avaient globalement repris du terrain sur les Russes. Si ces derniers avaient conquis 1.300 km2, les forces ukrainiennes avaient en parallèle récupéré 1.373 km2.

François Blanchard