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"Je ne peux pas imaginer ça": à l'aube des négociations, les Ukrainiens du Donbass craignent de passer sous pavillon russe

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Alors que Donald Trump a évoqué un "échange de territoires" dans les négociations de paix entre la Russie et l'Ukraine, et que Vladimir Poutine réclame la région du Donbass, les habitants du territoire craignent de passer du côté russe.

Quatre jours avant la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska le 15 août prochain pour discuter de la fin du conflit entre la Russie et l'Ukraine, le dirigeant russe semble toujours camper sur ses positions. S'il explique vouloir trouver un accord de cessez-le-feu, il n'est prêt à faire aucune concession sur ses termes d'armistice, qui comprend notamment l'annexion de plusieurs régions ukrainiennes en plus de la Crimée.

La majorité se situe dans le territoire du Donbass, où la perspective de passer sous pavillon russe est inacceptable pour les habitants ukrainiens.

"Je ferais mes affaires et je partirais"

Ils sont catégoriques: "Non, non, ça n'arrivera pas." À Kramatorsk, la violence est désormais quotidienne depuis plusieurs mois à la suite de l'accélération de la progression des forces russes. Pourtant, pour Victoria, impossible de quitter son foyer. "C'est ma maison. Je suis née ici, j'ai grandi ici et mes enfants aussi. Mes parents y sont enterrés.

"Pourquoi devrais-je partir?", demande-t-elle. "Je suis ukrainienne, j'aime l'Ukraine, et je veux vivre ici."

Car si un accord de paix avec cession de territoires était signé, beaucoup ne voient qu'une seule option: quitter le Donbass pour rester en territoire ukrainien. "Je ferais mes affaires et je partirais", assure Victoria, qui habite quant à elle dans la ville d'Oleksandrivka.

Si l'Ukraine se pliait aux conditions dictées par la Russie, elle ne cacherait pas sa sensation de trahison. "Je ne veux en aucun cas céder nos terres. Tant de garçons, tant de vies jeunes, tant de choses ont été sacrifiées pour cela, et les abandonner maintenant serait très douloureux."

Inimaginable pour les soldats engagés au front

La région de Donetsk concentre la plupart des combats menés depuis trois ans, mais aussi l'essentiel des pertes humaines. Une grande partie des militaires est donc stationnée ici. Et pour ceux qui agissent sur le front depuis l'invasion russe, là aussi, ce scénario revient à de la fabulation.

"Je ne peux pas imaginer ça", assure Eugène, soldat engagé depuis 2022, à BFMTV. "Nous quitterions tous Kramatorsk maintenant? Et les troupes russes entreraient ici? Non", insiste-t-il.

Un scénario irréel pour ce soldat, qui a confiance dans l'engagement de Volodymyr Zelensky. "De toute façon, le président a refusé cette option et la constitution interdit de céder nos territoires."

Si l'Ukraine venait à céder l'entièreté du Donbass à la Russie, la frontière entre les deux pays est déjà physiquement visible. Tranchées, barbelés, champs de mines... Des fortifications ont été créées pour ralentir l'avancée des Russes, qui continuent de grignoter sans relâche le territoire ukrainien, bien loin des négociations diplomatiques.

Donald Trump, quant à lui, a affirmé à l'aube de ses discussions avec Vladimir Poutine qu'"il y aura des échanges de territoires au bénéfice de chacun", sans donner de précisions. Les États-Unis ont annoncé dimanche 10 août travailler à "programmer" une nouvelle rencontre, cette fois-ci entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.

Nicolas Coadou, Théo Touchais et Maksym Zaitsev, avec Juliette Moreau Alvarez