"J'ai vu des gens mourir en captivité": un soldat ukrainien raconte l'enfer des prisons russes

Oleksander, un soldat ukrainien qui a passé près de 1.000 jours en détention en Russie - BFMTV
Un retour à la vie, près de trois ans plus tard. Lundi 30 janvier 2024, Moscou et Kiev ont annoncé avoir procédé à un nouvel échange impliquant plus de 300 prisonniers dont 189 Ukrainiens à la veille du réveillon de la nouvelle année.
Parmi eux figure Oleksander, un jeune homme qui a passé 991 jours dans huit prisons russes différentes après sa capture. À BFMTV, le soldat relate les tortures auxquelles il a assisté.
"J'ai vu des gens mourir en captivité. Parfois, leurs maladies chroniques s'aggravaient et il n'y avait pas de médicaments ni de soins. Les Russes n'avaient aucune envie de nous soigner, et puis il y a ceux qui ne supportent pas la torture. D'autres étaient tués dès leur arrivée", dit-il.
"Menaces constantes"
Fait prisonnier le 12 avril 2022 lors des premières semaines de guerre à Marioupol, Oleksander souhaite maintenant témoigner de ces longs mois de détention et faire reconnaître les crimes russes
"Quand tu t'endors, quand tu te réveilles, quand tu manges, tu entends les hurlements des gens qui se font torturer à côté. Dans certaines prisons où j'ai été, on recevait des coups tous les jours, des coups de bâton, du courant électrique, du gaz lacrymogène. Et les menaces constantes, des insultes, des humiliations", liste-t-il.
Et le soldat ukrainien de poursuivre: "Le plus difficile là-bas, c'est peut-être l’incertitude. L'incertitude de ton avenir parce que chaque jour se ressemble et tu ne sais pas ce qui peut t’arriver. En plus des militaires, il y avait aussi des civils en captivité. Ils sont détenus dans les mêmes conditions, torturés de la même manière que les autres."
"Je ne réalise pas encore"
Selon la Russie, ce sont les Émirats arabes unis qui ont assuré une médiation humanitaire entre les deux pays afin de procéder à cet échange. Ce pays est très actif dans les discussions sur les échanges de prisonniers entre Kiev et Moscou, servent également de médiateurs pour le retour d'enfants ukrainiens dans leur pays depuis la Russie.
Le 28 décembre passé, des gardes russes ont intimé l'ordre à Oleksander et à plusieurs dizaines d'autres détenus de réunir leurs affaires. "Le trajet était difficile, mais c’était très joyeux quand même. On réalisait qu’on rentrait chez nous pour de bon, je crois que je ne réalise pas encore que je suis libre", conclut-il.
La Russie et l'Ukraine ont échangé des centaines de prisonniers depuis le début de l'offensive russe en février 2022 et procèdent régulièrement à des échanges de dépouilles de soldats tués dans les combats.