Garanties de sécurité, aide militaire... Ce qui n'est pas précisé dans l'accord entre l'Ukraine et les États-Unis

Les États-Unis et l'Ukraine ont signé ce mercredi 30 avril à Washington un vaste partenariat mettant en place un fonds d'investissement pour la reconstruction de ce pays ravagé par la guerre et donnant aux Américains un accès à ses ressources naturelles.
"Avec les États-Unis, nous créons ce fonds qui attirera des investissements mondiaux dans notre pays", s'est félicitée la ministre ukrainienne de l'Économie, Ioulia Svyrydenko, qui a fait le déplacement à Washington pour signer le document.
Un accord sur les minerais
L'accord avec Washington financera des "projets d'extraction de minerais, de pétrole et de gaz", a précisé la ministre ukrainienne sur Facebook. Mais l'Ukraine "conserve l'entière propriété et le contrôle de ces ressources" y compris le sous-sol, et ce sera "l'État ukrainien qui détermine où et quoi extraire", a-t-elle dit.
La quantité de richesses minières que renferme le sol ukrainien reste peu claire, la plupart de ces ressources étant inexploitées, difficiles à extraire ou de facto sous contrôle russe, car se trouvant dans des territoires occupés par l'armée russe.
Donald Trump "veut que les deux parties s'assoient à la table, maintenant, en montrant que les États-Unis ont un intérêt économique en Ukraine", a souligné le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, sur Fox News.
"C'est un signal pour les dirigeants russes. C'est aussi un signal pour le peuple américain que nous avons une chance de participer, d'obtenir (...) une compensation" pour les financements et armes fournies à l'Ukraine, a-t-il ajouté.
Les États-Unis ont fourni, sous le précédent gouvernement de Joe Biden, des dizaines de milliards de dollars d'aide à l'Ukraine. L'accord ne reconnaît toutefois pas comme une dette vis-à-vis des États-Unis cette aide militaire et financière.
Quelles garanties de sécurité?
Selon le Washington Post, qui a pu consulter l'accord, le document ne mentionne pas la centrale nucléaire de Zaporijia. En mars, lors d'un appel avec son homologue ukrainie, Donald Trump avait évoqué auprès Volodymyr Zelensky que les États-Unis pourraient prendre "possession" des centrales nucléaires et électriques ukrainiennes.
"La propriété américaine de ces centrales constituerait la meilleure protection pour cette infrastructure et le soutien à l'infrastructure énergétique ukrainienne", avait ensuite justifié la présidence américaine.
L'accord ne semble pas non plus comporter de garanties de sécurité américaines face à la Russie, pourtant demandées par l'Ukraine, un point sur lequel insistait Volodymyr Zelensky. Le président réclamait des garanties devant dissuader la Russie de toute nouvelle invasion après un éventuel accord de cessation des hostilités.
De son côté, Donald Trump avait déclaré en février, en pleine négociation autour de l'accord, que c'était aux Européens, pas aux États-Unis, de fournir des garanties de sécurité à l'Ukraine dans le cadre d'un règlement du conflit avec la Russie.
"Je ne vais pas fournir de garanties de sécurité au-delà de beaucoup", avait affirmé le président américain lors d'une réunion de son cabinet à la Maison Blanche. "Nous allons demander à l'Europe de le faire parce que, vous savez, l'Europe est leur voisin immédiat, mais nous allons nous assurer que tout se passe bien", avait-il dit devant les caméras.
Quelle aide militaire?
Le texte annoncé mercredi met en place un "fonds d'investissement pour investir dans la reconstruction" de l'Ukraine, lequel fonds sera financé et géré à parts égales par Ukrainiens et Américains. Selon la ministre ukrainienne Ioulia Svyrydenko, "les États-Unis contribueront au Fonds. Outre des contributions financières directes, ils peuvent également fournir une nouvelle assistance, par exemple des systèmes de défense aérienne pour l'Ukraine." Aucune aide précise n'a depuis été annoncée.
L'aide militaire américaine que perçoit actuellement l'Ukraine provient toujours de l'assistance accordée sous Joe Biden, selon des déclarations de Volodymyr Zelensky la semaine dernière.
Dans un communiqué, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a toutefois affirmé mercredi que "cet accord signale clairement à la Russie que l'administration Trump s'engage à long terme en faveur d'un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère." Le document doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien après sa signature.
Alors que cet accord a été suivi, ce jeudi 1er mai, par une frappe russe meurtrière dans la ville méridionale d'Odessa, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermark, a appelé sur Telegram à pousser avec les États-Unis "pour un cessez-le-feu complet".
Le président russe Vladimir Poutine "aura constamment le désir de tuer, jusqu'à la fin de ses jours, mais la diplomatie couplée à des moyens économiques énergiques d'influence contraindront la Russie à arrêter la guerre", a écrit Andriï Iermark.