Ukraine: Hollande, Merkel et Poutine pour "le plan de la dernière chance"

François Hollande, qui est accompagné de la chancelière allemande Angelka Merkel, doivent rencontrer ce vendredi le président russe Vladimir Poutine pour tenter d'arracher un cassez-le-feu en Ukraine. - Maxim Zmeyev - Pool - AFP
C'est un coup diplomatique présenté comme celui de la dernière chance. François Hollande et Angela Merkel vont rencontrer ce vendredi en Russie Vladimir Poutine, à qui ils vont exposer leur plan de paix pour l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine.
Une mission qui s'annonce très compliquée pour le président de la République française et la chancelière allemande, alors qu'une double course contre-la-montre s'est engagée dans cet ancien pays satellite de l'Union soviétique. D'un côté, il y a l'urgence humanitaire: plus de 5.300 morts ont été à déplorer au cours des dix mois de conflit, tandis que la situation ne cesse de se dégrader sur le terrain.
Il y a également la pression diplomatique venue des Etats-Unis: les Américains songent activement à armer directement les forces ukrainiennes régulières, qui ne cessent de subir des revers sur l'échiquier militaire. Une prise de position qui ne pourrait qu'irriter encore un peu plus la Russie, ce que souhaite à tout prix éviter l'Europe.
Des premiers pourparlers encourageants à Kiev
Le déplacement de François Hollande et Angela Merkel a débuté jeudi, à Kiev, où des pourparlers se sont déroulés avec le président ukrainien Petro Porochenko. Des échanges constructifs, qui "laissent espérer un cessez-le-feu", de l'aveu même de la présidence ukrainienne.
Si le texte préparé des deux côtés du Rhin a été bien accueilli à Kiev, le chef d'Etat ukrainien a également insisté pour que toutes les parties respectent les accords de paix signés à Minsk, en Biélorussie, en septembre dernier. Un cessez-le-feu qui n'avait pratiquement pas existé.
La très délicate question de l'armement
Parallèlement à l'initiative franco-allemande, annoncée dans l'urgence face à la détérioration de la situation sur le terrain, et dans laquelle le président français et la chancelière allemande ont mis tout leur poids en décidant de se déplacer expressément jusqu'à Moscou, les Etats-Unis continuaient de réfléchir à la possibilité de livrer des armes à l'armée ukrainienne, qui accumule les revers dans les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk.
Si François Hollande a averti que 'l'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment", il a toutefois bien marqué sa différence avec l'actuelle réflexion américaine: "la France ne rentre pas dans le débat sur la fourniture des armes à l'Ukraine", a-t-il tranché.
Obama prend son temps
Présent sur place peu de temps avant le chef d'Etat français et la chancelière allemande, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a souligné de son côté que Washington soutenait l'initiative de paix franco-allemande. Il a également douché les attentes du gouvernement ukrainien d'une annonce immédiate sur la livraisons d'armes létales à l'Ukraine en disant que Washington privilégiait "une solution diplomatique".
Barack Obama qui "passe en revue toutes les options dont celle de la livraison d'armes défensives" prendra sa décision "prochainement", a-t-il dit, afin notamment de laisser une chance au plan de paix des Européens.
Une nouvelle aggravation des relations russo-américaines?
Washington a longtemps écarté l'idée d'armer les Ukrainiens avant de commencer à l'envisager, selon des responsables américains, en raison de l'importance de l'appui apporté par la Russie aux rebelles. Une réponse positive des Américains risquerait toutefois d'être interprétée comme une implication de Washington dans ce conflit par Moscou, et d'aggraver encore les relations russo-américaines, qui traversent leur pire crise depuis la Guerre froide.
Des livraisons d'armes porteraient un "préjudice colossal" aux relations entre les deux pays, a d'ores et déjà averti jeudi le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch.
Les efforts diplomatiques autour de l'Ukraine se sont intensifiés après une nouvelle intensification des combats, qui ont fait plusieurs centaines de morts depuis le début de l'année. Rien que jeudi, les bilans séparés de Kiev et des séparatistes ont fait état d'au moins 24 morts dont 19 civils ces dernières 24 heures.