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Supporters agressés à Amsterdam: la maire de la ville regrette d'avoir utilisé le mot "pogrom"

La maire d'Amsterdam, Femke Halsema, le 12 avril 2024.

La maire d'Amsterdam, Femke Halsema, le 12 avril 2024. - JOHN THYS / AFP

Des supporters du Maccabi Tel-Aviv ont été agressés à Amsterdam après avoir assisté à un match de Ligue Europa contre l'Ajax, le 7 novembre. Avant la rencontre, des incidents avaient déjà éclaté à la suite de provocations des fans israéliens.

La maire d'Amsterdam, Femke Halsema, a exprimé ce dimanche 17 novembre son regret d'avoir employé le terme de "pogrom" pour qualifier les violences survenues dans sa ville en marge d'une rencontre de Ligue Europa entre l'Ajax et le Maccabi Tel-Aviv.

Jeudi 7 novembre, des supporters du club israélien ont été la cible d'attaques de la part d'hommes en scooter dans les rues de la capitale néerlandaise après le match. La police a déclaré que les auteurs avaient été encouragés par des appels à attaquer des Juifs sur les réseaux sociaux.

Cinq supporters du Maccabi ont été brièvement hospitalisés en raison de cette agression, qui a suscité l'indignation des dirigeants occidentaux.

Plus tôt dans la soirée, des incidents avaient éclaté en raison d'actes provocateurs de la part des fans visiteurs. Des slogans anti-arabes avaient été scandés par ces derniers, qui ont également vandalisé un taxi et brûlé un drapeau palestinien sur la place principale d'Amsterdam, d'après les autorités.

Un terme réutilisé par la propagande israélienne

Au lendemain des faits, l'édile avait déclaré comprendre que "cela rappelle le souvenir des pogroms" lors d'une conférence de presse, avant de répéter ce terme mardi dernier lors d'un conseil municipal. Elle faisait état à ce moment d'un "cocktail toxique d'antisémitisme et de hooliganisme" pour décrire les scènes de violences.

Femke Halsema souligne ce dimanche dans l'émission de télévision Nieuwsuur qu'elle n'a pas voulu faire de comparaison directe avec les pogroms, mais qu'elle a souhaité exprimer la tristesse et la peur des habitants juifs d'Amsterdam.

"Si j'avais su que cela serait utilisé politiquement de cette manière, y compris comme propagande... Je ne veux rien avoir à faire avec cela", regrette-t-elle en déplorant une réutilisation de ses propos par les officiels de l'État hébreu.

Dans un message posté et édité le 8 novembre dernier sur son compte X, le président israélien, Isaac Herzog, a justement dénoncé un "pogrom".

Le Larousse définit le mot "pogrom" ("dévastation" dans son sens originel en russe) comme une "attaque accompagnée de pillage et de meurtres perpétrée contre une communauté juive".

45 personnes visées par la police néerlandaise

La maire d'Amsterdam fustige également certaines réactions politiques aux Pays-Bas, évoquant un "problème d'intégration" à l'origine de la violence dans sa ville. Elle estime que ses détracteurs "détournent" ce mot de "pogrom" afin de discriminer les Amstellodamois musulmans, rapporte le média néerlandais.

Selon Femke Halsema, les déclarations de la représentation nationale ne font qu'accentuer les divisions dans sa ville. "Je voudrais lancer un appel à La Haye: mettez-vous au travail et ne discutez pas. Quelle que soit votre appartenance politique", demande-t-elle.

Ces derniers jours, la maire s'est beaucoup entretenue avec les différentes communautés d'Amsterdam. Elle souhaite par ailleurs que des enquêtes indépendantes soient menées pour comprendre comment de tels actes sont arrivés.

La police néerlandaise a annoncé dimanche enquêter sur 45 personnes en relation avec ces violences. Neuf d'entre elles ont déjà été identifiées et arrêtées. Le nombre de suspects devrait augmenter "en partie sur la base de l'analyse d'un grand nombre d'images", a ajouté la police.

Gabriel Joly avec AFP