Le pape François va plaider pour le "vivre ensemble" à Sarajevo

Le pape François réalise ce samedi une visite aussi courte que remarquée, à Sarajevo, 20 ans après les accords qui avaient mis un terme à la guerre. - Andrej Isakovic - AFP
C'est une visite aussi éclair que symbolique. Le pape François va réaliser un saut, ce samedi à Sarajevo, pour encourager le "croisement" des mondes et des religions en Bosnie, vingt ans après les accords de paix ayant mis fin à la guerre.
"Je viens parmi vous (...) pour exprimer mon soutien au dialogue oeucuménique et inter-religieux, et surtout pour encourager une cohabitation paisible dans votre pays", a écrit le pape dans un message adressé lundi aux habitants de Sarajevo.
Un peu plus de huit mois après un déplacement en Albanie, autre pays balkanique à la "périphérie" de l'Europe, Jorge Bergoglio confirme son engagement envers la coexistence des peuples et des religions. En Albanie comme en Bosnie, le pouvoir est partagé entre des représentants ayant une tradition religieuse différente.
Un pays composé de plusieurs entités
Le pays peuplé de 3,8 millions d'habitants est composé de deux entités, la Republika Srpska (république serbe) dans laquelle les Serbes (chrétiens orthodoxes) sont majoritaires et la fédération croato-musulmane au sein de laquelle les musulmans sont largement plus nombreux que les croates catholiques. La présidence bosnienne, que le pape rencontrera dans la matinée, est alternativement occupée tous les huit mois par un représentant serbe, musulman et croate. Actuellement, c'est le représentant serbe qui fait office de président.
C'est précisément ce vivre ensemble qu'entend promouvoir le pape François, dans un pays marqué par l'Histoire, et où la guerre inter-communautaire a laissé des traces. Le pape va à Sarajevo "pour délivrer un message de paix, de réconciliation de construction commune d'un pays" où le "dialogue inter-religieux est essentiel", a expliqué la semaine dernière le Père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.
Une rencontre inter-religieuse
Le moment fort de cette visite, qui se déroulera sur une dizaine d'heures, sera la rencontre inter-religieuse dans l'après-midi. François s'entretiendra avec des représentants des religions catholique, orthodoxe, musulmane et juive. Les Musulmans sont majoritaires en Bosnie où ils représentent quelque 40% de la population. Viennent ensuite les orthodoxes serbes avec 31% et les catholiques, presque tous croates, avec 10%. Les juifs ne sont plus qu'une petite minorité.
La minorité croate catholique se sent à l'étroit dans ce pays divisé en deux par les accords de Dayton de 1995, qui ont mis fin à un conflit (1992-95) ayant fait quelque 100.000 morts. Le pape entend toutefois les encourager à rester, et à vivre ensemble, en dépit des quelque 300.000 catholiques (sur 800.000 avant la guerre) ayant déjà quitté la Bosnie depuis les années 90.
Dans son message rendu public lundi, il a ainsi invité les catholiques à "être aux côtés de (leurs) concitoyens (...) en contribuant à la construction d'une société qui avance vers la paix, la cohabitation et la coopération mutuelle".
"Construire ce pays et mener le dialogue"
"Le pape veut nous aider, encourager les catholiques à rester ici, mais aussi nous inviter tous à construire ce pays, à mener le dialogue", a expliqué le secrétaire de la Conférence épiscopale de Bosnie, Mgr Ivo Tomasevic. Une messe "pour la paix et la justice" aura lieu dans le grand stade olympique de Sarajevo où plus de 65.000 personnes sont attendues.
Le pape entendra aussi des témoignages dont ceux "dramatiques" de deux prêtres et d'une soeur, avant ceux d'une Serbe et d'un catholique croate, plus tard dans l'après-midi lors d'une visite à un centre de jeunes. Au moins 5.000 policiers devraient être déployées samedi dans toute la capitale bosniaque, mais le Vatican ne se montre pas particulièrement inquiet. "Il n'y a pas de préoccupation particulière concernant la sécurité" du pape, a assuré le père Lombardi.
C'est la seconde visite d'un souverain pontife à Sarajevo après celle effectuée en 1997 par le pape Jean Paul II. Ce dernier s'était également rendu en 2003 à Banja Luka en Bosnie. C'est le troisième voyage du pape François en Europe après Strasbourg au siège du Parlement européen et l'Albanie.